Ecrire est un métier, Jean de La Bruyère
"C’est un métier que de faire un livre" nous disait Jean de La Bruyère dans ses Caractère. Intéressons nous aujourd'hui à ce que l'auteur en question appelle un métier et la façon dont cela se ressent dans son œuvre.
Jean de La Bruyère écrit après des auteurs dont la gloire est éclatante. La Rochefoucauld, Pascal et tant d’autres ont marqué leur siècle. S’il est possible de se demander ce qu’il peut encore rester à écrire, La Bruyère ne manque pas de nous étonner encore, par son œuvre titanesque les caractères où il déploie son style avec vigueur et virtuosité. Il écrit, jusqu’à la fin de sa vie, ajoute, corrige, et s’adonne au commentaire en permanence afin de proposer un panorama de son époque à l’aide d’une "nouvelle formule" qui est la remarque. L’auteur sort des sentiers battus, affine sa plume et propose une œuvre qui plaît et qui instruit. Il s’agit sûrement de cette langue riche qui rappelle que le livre est un "métier" : l’auteur maîtrise alors un panel d’outil pour affiner son ouvrage. De fait, nous pourrons dégager les outils à la portée de l’écrivain pour composer son livre. Les ressources utilisées ont pour finalité d’offrir une œuvre littéraire et non pas un simple texte. Enfin, la sensibilité de l’auteur et son style travaillé permettront d’atteindre une portée morale.
Un écrivain utilise des techniques pour faire de l’écriture un métier
La Bruyère propose des portraits. Il écrit comme s’il s’agissait d’une ekphrasis qu’il retranscrivait. Par son travail d’auteur, il s’applique à faire les bonnes remarques et construit ses phrases par touches, par pointes colorées qui affectent la manière de recevoir son tableau.
L’artisan dresse des portraits par les mots et les figures de style
Pour cela, nous pourrions dire que l’artisan dresse son tableau à l’aide de mots et de figures de style comme les énumérations. Celles-ci s’avèrent particulièrement utiles pour fouiller le caractère du personnage représenté. Il est ainsi montré sous toutes ses coutures, tel le sot que l’on retrouve sous la plume de La Bruyère : "Le sot est automate, il est machine, il est ressort ; le poids l’emporte, le fait mouvoir, le fait tourner".