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    14 mars 2023

    La vie invisible d’Addie Larue de Victoria E. Schwab

    La vie invisible d’Addie Larue de Victoria E. Schwab

    La vie invisible d’Addie Larue rencontre un grand succès sur Booktok. Autrice incontournable de la littérature jeunesse, V. E. Schwab propose avec ce roman une histoire qui parle de divinité, d’éternité et de petite vie humaine. Elle reprend ainsi des sujets typiques de cette littérature pour jeune adulte et détourne les clichés pour apporter une vision plutôt neuve de certaines des thématiques abordées.

    Résumé bref de l’histoire La vie invisible d’Addie Larue

    L’histoire invisible d’Addie Larue raconte la vie d’une jeune fille attachée à sa liberté, mais que le monde veut enchaîner à un homme qu’elle n’aime pas. Face à l’impossibilité d’être libre comme elle le souhaite et contrainte au mariage, elle décide de prier les anciens Dieux de toutes ses forces dans l’espoir de ne pas épouser cet homme du village qu’on lui a imposé. Elle prie autant qu’elle le peut, elle sacrifie tout ce qui lui reste, mais personne ne répond à ses supplications. C’est alors que la nuit tombe et qu’un dieu effrayant se présente à elle. Elle sait qu’il ne faut jamais prier la nuit tombée. Toutefois, le désespoir la conduite au-delà des limites raisonnables dont on lui a parlé.

    Elle scelle alors un pacte avec ce dieu nocturne qui a pris l’apparence des songes d’Adeline Larue. Elle gagne sa liberté au prix de son âme, une fois qu’elle se sera lassée de la vie. Pourtant, elle ne se sent plus si libre que cela une fois le pacte scellé. En effet, le dieu lui a retiré une partie de ce qui fait son identité, la condamnant à être oubliée de tous pour l’éternité. Comment va-t-elle s’en sortir alors qu’elle est incapable de marquer les mémoires ? C’est ce que nous raconte V. E. Schwab dans son roman, en offrant ainsi au lecteur une belle bataille entre une femme libre et un dieu espiègle.

    Le prix de la liberté dans La vie invisible d’Addie Larue

    Le thème principal du roman semble être l’acquisition d’une certaine liberté par Addie Larue, accompagnée d’une vie éternelle. Tout du moins, elle a autant de temps qu’elle le désire devant elle, puis elle devra céder son âme à l’ancien dieu, assimilé au diable avec qui elle a conclu un pacte. Toutefois, tout a un prix. Ici, il s’agit de la capacité d’Addie à décliner son identité et à rester dans les mémoires. En effet, la liberté pour ce dieu s’accompagne de la possibilité d’être oublié et ainsi de ne rien devoir à personne.

    En quête de sa liberté, Addie se voit alors perdre ce qui la rattache à son humanité. Qui plus est, sa malédiction réduisant son existence à peu de chose la contraint à vivre une vie difficile. En effet, elle est oubliée et ne peut rien posséder. Alors il lui faut se débrouiller pour manger, pour s’habiller et se loger. Elle décide tout de même de profiter de sa condition pour vivre une vie qu’elle voulait exceptionnelle. Ainsi, elle voyage à travers les villes et à travers les siècles.

    Le cliché de la vie éternelle revisité par l’autrice

    Ce qui étonnera un jeune lecteur est de voir qu’Addie n’en profite pas pour faire le tour du monde ou pour vivre d’incroyables aventures. Plutôt que de vouloir tout voir et s’épuiser, elle observe le monde changer, elle apprend tous les contours des villes qu’elle visite et s’émerveille des spectacles pourtant accessibles à tous. Cette analyse rend la lecture assez étonnante pour de la littérature jeunesse. En effet, nous avons tous l’habitude de ceux qui ont tout vu et sont lassés par leur éternité ou ceux qui vivent à fond cette condition si particulière. Ici, elle s’accompagne de nouveaux éléments qui rendent cette condition pénible. L’autrice amène également le lecteur à penser à ce qu’il ferait vraiment de sa liberté. Voulons-nous vraiment tout vivre et tout voir, ou cherchons-nous le lieu qui nous amènera à vivre le mieux, en ayant le sentiment de découvrir les secrets cachés et les spectacles ignorés.

    La liberté a ainsi un coût, et quand on ne possède plus rien, le poids des années se fait sentir. En parlant de liberté, il s’agit également d’un autre cliché bien connu de la littérature en général. Ici, elle est repensée et amenée à un extrême. Pour être véritablement libre, il serait en effet nécessaire d’être libérée de la possession qu’ont les autres sur nous. Ainsi, plus rien d’autre ne compterait que ce que nous sommes vraiment. Pour autant, les hommes sont des êtres sociaux qui ont besoin de vivre en communauté pour que leur vie fasse sens. Nous découvrons alors comment Addie Larue cherche à se raccrocher à ce monde qui lui échappe, tout en ayant conscience que tout sera toujours à refaire.

    Le style quelque peu alourdi par des répétitions, à qui la faute ?

    Globalement, la lecture de ce roman a été parsemée de belles surprises. S’il ne s’éloigne pas des thèmes attendus dans ce genre de roman, il parvient à acquérir une forme d’originalité qui amène le jeune lecteur à pousser un peu plus loin ses raisonnements sur la liberté, l’éternité, les obligations et le sens de leur identité. Le roman mêle également présent et passé, ce qui permet à l’autrice de ne pas lasser le lecteur en racontant toute la vie d’Addie Larue. En plus, elle s’emploie à rappeler que les quêtes principales restent de trouver à manger et un logement pour la nuit. L’histoire se répète donc sur ces points sans que cela ne soit gênant.

    Malgré cela, il y a un assez gros point noir qui m’a gêné tout au long de ma lecture. À qui la faute ? Je ne saurais le dire, est-ce un effet de la traduction qui rend moins bien qu’en anglais ? Est-ce que ces lourdeurs apparaissent déjà dans le texte dans sa langue originale ? C’est un point qu’il me sera impossible d’éclaircir seule. Une chose est sûre, il se trouve dans ce roman un grand nombre de répétitions, assez agaçantes par moments, bien qu’elles donnent parfois un effet poétique. Ce que je reproche alors, c’est que d’un paragraphe à un autre, la même chose soit dite sous une forme différente. Nous retrouvons aussi une accumulation qui peut être agréable à faible dose, mais à ce niveau, il fait simplement penser à de l’hésitation ou une indécision de l’autrice plus qu’à un style. En effet, nous retrouvons beaucoup de phrases dans ce genre :

    Son cœur est fêlé. Il laisse entrer la lumière. Il laisse entrer les tempêtes. Il laisse tout entrer.
    Mais c'est de cette façon qu'on marche jusqu'au bout du monde. C'est de cette façon qu'on devient immortel. En vivant au jour le jour, en faisant un pas après l'autre. En prenant ce qu'on peut, en savourant chaque seconde, en s'accrochant à chaque instant jusqu'à ce qu'il disparaisse.
    Plus tard, elle ne cessera de repenser à cet instant. Dans un mélange de frustration, de regret, de chagrin, de pitié et de colère infinie. En vérité, elle s'est maudite elle-même avant qu'il ne s'en charge.

    Il y a également beaucoup de doubles propositions séparées par la conjonction de coordination "et" qui ramène à ce sentiment d’indécision entre deux mots. Je n’en mets cette fois qu’un seul exemple, vous aurez compris l'idée :

    Mais le chagrin a disparu, remplacé par une rage tenace. Elle a la ferme intention d'attiser cette rage, d'en protéger la flamme et de la nourrir jusqu'à ce qu'il faille bien plus qu'un simple souffle pour l'éteindre.

    Une belle lecture donc, mais rendue parfois laborieuse ou au moins pénible par ce défaut de style qui aurait pu être mieux utilisé. Au moins, l'ouvrage est particulièrement beau, mais si nous ne sommes pas tous d'accord sur la couverture que nous préférons... Et vous, vous préférez la couverture extérieure ou intérieure ?

    Citations

    Tu as demandé la liberté. Or il n'y a pas plus grande liberté que l'oubli. Tu peux parcourir le monde sans entraves. Sans liens. Sans attaches.
    Je ne peux tenir un stylo. Ni raconter mon histoire. Ni blesser quelqu'un avec une arme ou faire en sorte qu'on se souvienne de moi. Mais l'art... (Un sourire rêveur s'étale soudain sur son visage.) L'art est fait d'idées. Or s'il y a bien quelque chose que je sais, c'est que les idées sont plus tenaces que les souvenirs. Comme les mauvaises herbes, elles trouvent toujours le moyen de percer.
    Une histoire est une idée, aussi tenace qu’une mauvaise herbe. Où qu’elle soit plantée, elle se met à pousser.

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    // lastname: Schwab // firstname: Victoria E. // title: La vie invisible d'Addie Larue