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    Histoire littéraire : les poètes de la Pléiade

    Histoire littéraire : les poètes de la Pléiade

    En 1549, la Pléiade devient un mouvement littéraire à part entière lorsqu’un manifeste commence à circuler. Il s’agit du célèbre Défense et Illustration de la langue française, signé de la main de Joachim du Bellay. Ce mouvement tend à rendre plus riche la langue française, trop négligée par les intellectuels [ne jurant que par le latin] et dont la grammaire ne suivait encore aucune règle.

    Comprendre les origines de la Pléiade

    Les auteurs de la Pléiade se sont connus dès le plus jeune âge. C’est autour des figures de Jacques Peletier du Mans et de Dorat qu’ils ont fait leurs armes. En effet, Joachim du Bellay, Jean-Antoine de Baïf et d’autres ont intégré le Collège de Coqueret en même temps que Ronsard et ont grandement participé au développement de ce mouvement. Ils prennent alors le nom de La Brigade.

    À l’époque, ils étudiaient les grands auteurs latins et grecs, recevaient les textes originaux (et non des résumés ou des commentaires de texte, ce qui arrivait encore régulièrement en ce temps-là) et souhaitaient développer la langue française pour qu’elle acquière une gloire la rendant illustre. Ils commencent alors par imiter les grands poètes latins et grecs qu’ils ont étudiés. C’est après cette période qu’ils vont changer de nom, sous l’influence de Ronsard, pour se nommer la Pléiade.

    Pierre de Ronsard souhaitait regrouper 6 auteurs autour de lui pour constituer ce groupe. Il y a en réalité un peu plus de poètes qui peuvent se targuer d’avoir intégré la Pléiade. Parmi eux il y a : Pierre de Ronsard, Joachim du Bellay, Jean-Antoine de Baïf, Jean Bastier de La Péruse, Etienne Jodelle, Pontus de Tiard, Guillaume des Autels ainsi que Rémy Belleau. À ceux-ci peut s’ajouter Jean Dorat, l’enseignant des jeunes poètes de La Brigade qui a intimement participé à l’émergence du mouvement.

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    Le saviez-vous ?
    Pierre de Ronsard revêt une importance particulière dans l’histoire de la poésie et de la littérature en général. Dès son époque, il est reconnu comme étant le "prince des poètes" et proposera à 6 de ses amis de la première heure de se nommer "La Pléiade" en référence aux 7 poètes d’Alexandrie du IIIe siècle avant J.-C. ainsi qu’en pensant à la constellation née des 7 filles d’Atlas et de Pléioné.

    Les débuts officiels du mouvement littéraire : Défense et Illustration de la Langue française

    Si les idées des auteurs de la Pléiade commencent à se développer très tôt, il faut attendre la parution de la Défense et Illustration de la Langue française dont la rédaction a été confiée à Joachim du Bellay pour donner un réel départ à ce mouvement littéraire.

    Affrontement entre deux écoles : continuation de l’art du Moyen-Âge ou retour à une poétique antique ?

    L’époque, comme toutes les autres, à ses propres combats littéraires à mener. En ce temps-là, deux écoles s’affrontent alors : il y a ceux qui prônent une littérature telle qu’elle était écrite au Moyen-Âge et ceux qui veulent couper tout lien avec l’ancienne époque, revenir à une littérature telle que Boccace, Dante, Pétrarque du côté italien ou Horace, Virgile, etc. parmi les Grecs. À la seule différence près qu’ils souhaitent une littérature de ce renom en français.

    Alors qu’ils écrivent et continuent à penser leur acte, aussi littéraire que politique, Thomas Sébillet publie son Art poétique en 1548. Il défend fermement la littérature telle qu’elle est connue et propose simplement une certaine évolution de la langue.

    Face à lui, les auteurs de la Pléiade décident de réagir et Ronsard confie à Joachim du Bellay l’écriture de la célèbre Défense et Illustration de la Langue française. Ce n’est qu’à partir de là que la Pléiade sera réellement reconnue puisque l’ouvrage fait office de manifeste du mouvement.

    Les points communs entre l’œuvre de Thomas Sébillet et celle de Joachim du Bellay

    Les deux auteurs demeurent d’accord sur certains points. En effet, il importe à chacun de mettre en avant la langue française et qu’elle s’impose dans la vie littéraire de l’époque. Ils veulent lui donner ses lettres de noblesse puisque la langue latine demeure majoritaire encore dans ce milieu malgré la signature des ordonnances de Villers-Cotterêts en 1539.

    Ceux-ci rendent obligatoire la rédaction en français des actes officiels afin de permettre à un plus grand nombre d’avoir la même base de connaissance. Ces ordonnances servent également à unifier la France, divisée par la maîtrise ou non du latin et dominée par les patois.

    Les œuvres majeures des auteurs de la Pléiade :

    • Pierre de RONSARD : Odes, Amours de Cassandre, Sonnets pour Hélène ;
    • Joachim DU BELLAY : Les Regrets, Les Antiquités de Rome.

    Comment défendre la langue française selon la Pléiade ?

    Je te veux bien encourager de prendre la sage hardiesse d’inventer des vocables nouveaux, pourvu qu’ils soient moulés, et façonnés sur un patron déjà reçu du peuple.
    Franciade, Ronsard

    Si les auteurs de la Pléiade souhaitent défendre la langue française, cela passe selon eux, par la création d’une linguistique. En effet, notre langue demeurait encore assez pauvre puisque les dialectes étaient plus utilisés que la langue officielle.

    Ils prônent alors un enrichissement de la langue par emprunt aux patois régionaux, au vocable technique propre à chaque métier et aux mots oubliés de l’ancien français. Ces appropriations se font à une condition toutefois : embellir et "franciser" ces termes jusque-là inusités hors contexte.

    Ils pensent aussi à la création d’un nouveau vocabulaire en passant par des néologismes, entre autres. Ils créent alors de nouveaux mots à partir de ceux existants pour combler les lacunes du français et rendre la langue plus poétique.

    Des effets de styles intéressants à relever dans les poèmes de ce mouvement ?

    • L’allégorie et la métaphore sont des valeurs sûres pour ces auteurs.
    • Amusez-vous à relever le vocabulaire technique et les néologismes pour enrichir votre analyse de la langue.
    • Ils s’inspirent de l’ordre des phrases latines.

    Les caractéristiques littéraires de la Pléiade

    Enfin, pour évoquer tous les aspects de la littérature selon les auteurs de la Pléiade, il est nécessaire d’évoquer les caractéristiques de cette écriture. Et pour créer un mouvement, il ne suffit pas de créer de nouveaux mots. Les poètes se consacrent également à ériger une mode littéraire bien à eux.

    L’importance du style puisé dans les auteurs Antiques

    S’ils créent une langue, ils souhaitent également remettre en valeur les genres littéraires de mise [valorisés ?] pendant l’Antiquité. Il faut alors profiter de l’innutrition acquise pour constituer son œuvre. Cela signifie qu’il faut lire et s’approprier les œuvres latines et grecques pour nourrir son style et créer son œuvre.

    Toutefois, ils sont fermement contre la traduction des œuvres antiques. Cela n’a pour eux pas de sens, mais il demeure important "d’imiter" pour apprendre la grandeur d’une langue. Pourtant, certains passages de leurs œuvres ressemblent parfois plus à des traductions qu’à des inventions.

    D’ailleurs, Joachim du Bellay exprime l’importance de se relire et de se faire relire par des amis lorsqu’on écrit pour la Pléiade. Cette tendance a eu pour conséquence de retrouver certains passages presque identiques d’un poète à l’autre et la plume de l’auteur n’est d’autre fois plus une, mais multiple sous le coup des corrections.

    Quelles sont les formes poétiques les plus utilisées par les poètes de la Pléiade ?

    • Sur le modèle antique, ils reprennent : l’ode, l’élégie, l’épopée.
    • Ils profitent aussi de l’invention récente du sonnet.

    Les thématiques récurrentes utilisées par les poètes

    L’écriture des poètes de la Pléiade contient, comme tous les mouvements, des thématiques privilégiées. L’inspiration divine devient l’une d’entre elles rapidement. Ils cherchent cette inspiration qui apporte une nouvelle dimension à la poésie et n’hésitent pas à se faire élégiaques.

    En ce sens, l’un des sujets favoris des auteurs de la Pléiade s’inscrit dans la tradition antique. Il s’agit de l’utilisation de la mythologie pour écrire de la poésie. J. du Bellay faisait d’ailleurs de la mythologie un élément inhérent à la langue. Ils essaient d’en faire quelque chose de neuf en dégageant un sens moral aux mythes, comme s’il s’agissait d’une fable.

    Enfin, ils réemploient une partie des thématiques humanistes et parlent d’amour, de la nature, de la fuite du temps et de la mort, entre autres. Un certain nombre de leur texte évoque également la langue. Et en effet, plus qu’un mouvement d’invention stylistique, c’est un courant littéraire créé pour la gloire du français.

    Pour en savoir plus :
    Qu’est-ce que la poésie ? - Culture Livresque
    La poésie est un genre complexe à définir, voire indéfinissable. Si certaines caractéristiques semblent propres à elle, cela ne suffit pas à expliquer l’intégralité de la poésie et de sa poétique. Sa définition est...