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    Qu'est-ce que la poésie ?

    Qu'est-ce que la poésie ?

    La poésie est un genre complexe à définir, voire indéfinissable. Si certaines caractéristiques semblent propres à elle, cela ne suffit pas à expliquer l’intégralité de la poésie et de sa poétique. Sa définition est d’ailleurs encore régulièrement le sujet de débats littéraires fiévreux qui ne parviennent jamais à concilier la forme, le fond et la thématique.

    Qu’est-ce que la poésie ?

    Selon le Centre National des ressources textuelles et lexicales (appelé le CNRTL pour les intimes), la poésie trouve cette définition :

    Genre littéraire associé à la versification et soumis à des règles prosodiques particulières, variables selon les cultures et les époques, mais tendant toujours à mettre en valeur le rythme, l'harmonie et les images.

    Cette définition, comme toutes les autres, est discutable. Effectivement, la poésie est souvent associée à la versification, mais nous ne pouvons pas faire fi de la poésie en prose. Cette remarque s’applique également à l’idée des règles prosodiques (relatives à la taille des vers) qu’il faut suivre. En revanche, la poésie tend bien à mettre en valeur le rythme, la musicalité et les images créées par ce genre.

    Définition de la poésie au plus proche du consensus littéraire

    Cette définition tenant compte des vers et de leur mesure aurait été parfaite si la poésie avait arrêté son évolution au XIXe siècle, et encore ! En effet, à partir du moment où la littérature s’est ouverte aux vers libres et à la prose poétique, la notion de poésie s'est complexifiée. Avant cela, la poésie se soumettait à des règles précises de versification, de forme et de rimes. La fonction ornementale de la langue poétique était assumée et la volonté de transmettre le monde tel qu’il était perçu s’accompagnait de préciosité.

    Toutefois, s’il faut dégager un début de définition à la notion de poésie, nous pouvons affirmer qu’il s’agit d’un genre littéraire dont le nom vient du grec poiêsis, mot dérivé du verbe "poien" qui signifie "faire/fabriquer, créer". La poésie est donc un processus de création dans lequel le poète est acteur de ce qui se construit. La poésie relève aussi souvent d’une recherche de création langagière particulière. Cela passe notamment par la création d'images dans l’imaginaire du lecteur et possède son propre rythme musical selon la forme choisie par le poète.

    Dernier élément de définition important : la poésie possède son propre vocabulaire. En effet, nous ne parlons pas de paragraphe, mais de strophes, les lignes deviennent des vers libres, en octosyllabes, décasyllabes, alexandrins, etc. La prose devient une prose poétique et les rimes peuvent être riches, pauvres, suffisantes et ses vers enjambés, suivis, etc.

    Les autres définitions utiles :

    • Poème : ouvrage relevant de la poésie. La poésie est une notion là où le poème en est son application, le texte en lui-même.
    • Poétique : La poétique est l’utilisation de la langue en poésie alors que la poésie regroupe aussi la forme et la fonction du texte.

    Méfiance : le vers ne peut pas définir la poésie

    Attention aux mauvaises habitudes : depuis notre jeunesse, la poésie qui nous est le plus présentée est en vers et les définitions n’ignorent jamais cet aspect du genre littéraire. La majorité des poèmes sont en effet en vers, qu’ils soient libres ou mesurés. Toutefois, la poésie peut être en prose, ce qui signifie que le poème se présente sous la forme d’un paragraphe.

    Il faut bien se dire également que tous les textes en vers ne sont pas de la poésie. En effet, les romans médiévaux, les chansons et le théâtre (jusqu’au XIXe siècle environ pour ce dernier) s’écrivaient en vers. Il faut donc bien différencier la poésie de la poétique. L’utilisation du vers dominait puisque la majorité des publics étaient analphabètes. C’était aux troubadours de transmettre les textes, quels qu’ils soient, de cour en cour. Le ver avait l’avantage de faciliter la compréhension du texte par le public et l’apprentissage de ce même manuscrit par le troubadour.

    Cette assimilation nous vient de la perception grecque de la poésie. Pour eux, du moment qu’un texte développait une esthétique littéraire, cela signifiait que ce document était poétique. Cela explique pourquoi Aristote, dans sa Poétique, différenciait la poésie en trois genres :

    • la poésie épique (c’est-à-dire l’épopée, aujourd’hui assimilée au roman) ;
    • la poésie lyrique (la poésie comme nous la concevons de nos jours) ;
    • la poésie dramatique (autrement dit, le théâtre).

    Cela montre bien l’évolution de la définition du vers et de la poésie. En conclusion : jamais nous ne parviendrons à une définition claire, précise et définitive de la poésie puisque la poétique elle-même n’a pas rencontré ses limites. D’ailleurs, Jackobson disait ceci dans Huit questions de poétique :

    Même si nous arrivions à déterminer quels sont les procédés poétiques typiques pour les poètes d’une époque donnée, nous n’aurions pas encore découvert les frontières de la poésie.
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    Poétique de la poésie et jeu sur la langue

    Mise en place de la poétique…

    Le poète est alors celui qui s’interroge sur la langue en discutant les sonorités, le sens des mots, la forme qu’ils prennent les uns par rapport aux autres et la force qu’ils dégagent. Il a la volonté de créer un nouveau langage, propre à soi, ce qui participe à la poétique de ses œuvres. Ce langage est lié, depuis son origine, à la musique ainsi qu’à la lecture à voix haute. La poésie était donc une forme oralisée de la langue.

    La langue poétique assume également son artificialité et son ornementation par les figures de style et tous les autres moyens (formels, lexicaux, etc.) servant la création poétique. Il faut donc être sensible, lorsque nous écoutons de la poésie, aux rythmes, aux rimes, aux assonances et allitérations et aux effets donnés au texte.

    Un nouvel élan poétique avec l’émergence du roman

    Toutefois, la poésie a subi une crise lors du développement de l’écrit et de la lecture individuelle silencieuse. Ces pratiques ont conduit les lecteurs (et non plus les auditeurs) à être moins sensibles à la langue et aux sonorités ainsi qu’au rythme. Ce qui était perceptible à l’oreille ne donnait pas la même impression à la lecture. Qui plus est, avec le développement de la lecture individuelle, c’est le roman qui s’est imposé et qui demeure privilégié encore aujourd’hui puisqu’il était plus à même de peindre la réalité moderne.

    Ce nouvel intérêt pour ce genre romanesque qui était jusqu’au XIXe siècle un mauvais genre a tout de même eu des avantages sur le développement de la langue poétique. En effet, puisque la langue était vidée de ses règles formelles, les auteurs pouvaient en extraire autre chose : des symboles, des mots vides de sens, une visualisation de l’inconscient, etc. La poésie a trouvé un nouvel élan grâce à l’écriture : il était alors plus facile de jouer sur les homonymes et les homophones et la quête de la poésie s’est transformée en une quête de la poétique, que l’écriture soit en vers ou en prose.


    Pour poursuivre sa réflexion :
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