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    Reconnaître le registre pathétique dans un texte littéraire

    Reconnaître le registre pathétique dans un texte littéraire

    Le registre pathétique est sûrement l’un des plus courants dans les œuvres littéraires. Il se trouve partout, qu’il s’agisse d’un conte, d’un recueil de poésie, d’une pièce de théâtre ou d’un roman. De manière générale, son caractère éphémère fait qu’il s’intègre facilement dans tout type de texte, en permettant de jouer sur les émotions du lecteur et susciter sa compassion.

    Reconnaître le registre pathétique

    Le registre pathétique amène le lecteur à s’émouvoir du sort de héros. Il va ressentir de la tristesse, de la compassion et de la pitié pour le protagoniste. Il s’installe souvent lors d’événements tristes, de perte, de deuil, de maladie. Attention, il est rarement la conséquence d’une action. Il s'agit souvent du résultat d’un deuil, d’une maladie, d’un désespoir, d’une dépression, d’une injustice (misère, politique, de genre, etc.) ou d’une condition de vie de manière générale.

    L’auteur va alors s’attarder sur l’expression des émotions des personnages. Il évoque alors l’affection qu’avait le héros pour une autre personne, puis la souffrance qu’elle ressente vis-à-vis d’elle, un espoir de justice déchu, etc. Il va susciter le chaud et le froid pour amener le lecteur à ressentir de la compassion, de la tristesse, voire de la pitié pour celui qui subit la scène.

    Exemple d’œuvre : Les malheurs de Sophie, La comtesse de Ségur.

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    Comment différencier le registre tragique et pathétique :
    Il peut être difficile de différencier ces deux registres littéraires qui emploient tous les deux les mêmes procédés stylistiques et jouent plus ou moins sur les mêmes émotions. Notons quelques éléments qui permettraient de pencher pour l’un ou pour l’autre. Premièrement, le registre tragique engendre une tension, le héros est acteur dans son tourment puisqu’il décide souvent le sort qui lui arrive. Une scène pathétique va surtout être le fait d’éléments extérieurs au personnage (mort, pauvreté, malheur, etc.). Il n’y a aucun choix à faire : le héros se retrouve face à sa tristesse. Aussi, une scène tragique peut aussi devenir pathétique une fois que le drame s’est joué. Il n’y a plus de tension, tout s’est joué et le héros se retrouve face à une tristesse inéluctable. Enfin, le pathétique est souvent passager puisqu’il ne s’agit que d’un événement. Dans une tragédie, il n’y a pas d’issue et le tragique doit se produire, il est intrinsèque à la narration.

    Les procédés stylistiques utilisés par les auteurs

    Pour susciter de la compassion chez le lecteur, l’auteur emploie des images fortes. Pour cela, il va appuyer sur les émotions du personnage en marquant son discours par la passion ou la souffrance, ou encore la prise de conscience de la perte. Pour cela, la description sera essentielle, ainsi que les anaphores. Les figures d’amplification ainsi que les métaphores et les comparaisons sont également des figures privilégiées à repérer et à analyser.

    Dans les champs lexicaux typiques, nous retrouverons ceux de la souffrance, de la mort, du désespoir et de la pitié pour l’aspect douloureux. Il n’est pas rare de rencontrer également ceux de l’affectivité, la passion et ceux de toute autre émotion forte montrant l’attachement du personnage à quelque chose qu’il vient de perdre. Il peut même faire appel aux souvenirs.

    Tout cela s’accompagne naturellement de phrases exclamatives et interrogatives. En effet, la ponctuation forte répétée n’est jamais anodine et signifie souvent quelque chose. On retrouve également des interjections et des apostrophes, qui participent au rythme saccadé de ce genre de scène. Les phrases sous la forme impérative font effet. Il arrive également qu’on retrouve des ellipses narratives qui peuvent être le signe d’une souffrance tue.

    Liste des figures de style littéraires - Culture Livresque
    Les figures de style sont des procédés littéraires qui dénotent dans la construction d’un texte. Elles servent à créer des effets au moment de la lecture pour un public attentif. Il s’agit donc d’un segment de discours…

    Analyse d’un extrait au registre pathétique

    Pardonnez, si j’achève en peu de mots un récit qui me tue. Je vous raconte un malheur qui n’eut jamais d’exemple. Toute ma vie est destinée à le pleurer. Mais, quoique je le porte sans cesse dans ma mémoire, mon âme semble reculer d’horreur, chaque fois que j’entreprends de l’exprimer.
    Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit. Je croyais ma chère maîtresse endormie et je n’osais pousser le moindre souffle, dans la crainte de troubler son sommeil. Je m’aperçus dès le point du jour, en touchant ses mains, qu’elle les avait froides et tremblantes. Je les approchai de mon sein, pour les échauffer. Elle sentit ce mouvement, et, faisant un effort pour saisir les miennes, elle me dit, d’une voix faible, qu’elle se croyait à sa dernière heure. Je ne pris d’abord ce discours que pour un langage ordinaire dans l’infortune, et je n’y répondis que par les tendres consolations de l’amour. Mais, ses soupirs fréquents, son silence à mes interrogations, le serrement de ses mains, dans lesquelles elle continuait de tenir les miennes me firent connaître que la fin de ses malheurs approchait. N’exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte ses dernières expressions. Je la perdis ; je reçus d’elle des marques d’amour, au moment même qu’elle expirait. C’est tout ce que j’ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement.
    Mon âme ne suivit pas la sienne. Le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez rigoureusement puni. Il a voulu que j’aie traîné, depuis, une vie languissante et misérable. Je renonce volontairement à la mener jamais plus heureuse.
    Je demeurai plus de vingt-quatre heures la bouche attachée sur le visage et sur les mains de ma chère Manon.
    Abbé Prévost, Manon Lescaut