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    12 avril 2022

    Térence et le théâtre comique latin

    Térence et le théâtre comique latin

    De la littérature latine, il nous reste des textes dont des pièces de théâtres. L’un des grands auteurs de cette époque dont les pièces nous sont parvenues intactes est Publius Terentius Afer, communément appelé Térence. Il a notamment écrit Les Adelphes et Le Phormion qui sont encore lus aujourd’hui.

    Qui est Térence, dramaturge latin ?

    Térence est donc un auteur comique latin né en 190 avant J.-C. et meurt vers 159 avant J.-C. Dans sa jeunesse, il fut enlevé par des pirates et vendu à un sénateur romain, Trentius Lucanus, qui lui donna cependant une bonne éducation. Influencé par un groupe d'hommes admirateurs de la culture helléniste, Térence s'inspire de Ménandre, un autre auteur comique grec considéré comme l’un des représentants les plus importants de la Nouvelle Comédie.

    Sa première pièce l'Andrienne fut jouée en 166 avant J.-C., et arborait un style empreint de la comédie grecque. Un an plus tard, Térence donna à sa pièce l'Eunuque une dimension plus comique en utilisant la bouffonnerie. Cette pièce rencontra rapidement du succès. En revanche, L'Hécrye, écrite en 163 avant J.-C. fut partiellement un échec. Cela est dû au ton plus sérieux de la pièce par rapport à ses écrits plus anciens. Fort de ses erreurs, il rédige à nouveau des pièces dans un style plus léger et rencontre à nouveau le succès auprès de son public l'Heautontimoroumenos et le Phormion (161 avant J.-C.) puis avec les Adelphes (160 avant J.-C.).

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    Térence a donc écrit six pièces, dont le Phormion et les Adelphes. Ces deux pièces reprennent les grandes caractéristiques théâtrales de ce temps : des conflits générationnels, des esclaves plus malins que leurs maîtres, des jeunes hommes à la vie sentimentale contrariée, etc. Ses pièces ont traversé le temps et inspiré les plus grands auteurs de siècles suivants, tel que Molière ou encore Shakespeare.

    Définition du Phormion : Le phormion est considéré comme un parasite dans la société. Il s’agit d’un homme libre et pauvre qui venait voir tous les jours ses patrons pour avoir à manger en échange de services.

    Le résumé de la pièce Le Phormion

    Représenté en 161 avant J.-C., le Phormion met en scène l'histoire de Chrémès et de Démiphon, deux frères partis en voyage. Tous les deux ont un fils (Phédria et Antihpon) ainsi qu'une fille chacun. Cependant, Chrémès a une liaison avec une femme dans une des villes où les frères voyages, et de cet adultère naît Phanie.

    Pendant l'un des voyages des deux pères, Antiphon tombe amoureux d'une jeune fille venue à Athènes chercher son père, sa mère étant morte. En revenant, Démiphon apprend la nouvelle et se fâche ; il avait promis à Chrémès que son fils épouserait une jeune fille dont il lui avait parlé sans lui indiquer qu’il s’agissait de sa fille.

    Phédria, lui, est amoureux d'une esclave, mais n'a pas l'argent pour l'acheter. Tous demandent au Phormion de les aider. Le phormion utilise alors l’argent reçu pour le mariage entre Antiphon et la jeune fille inconnue pour racheter l’esclave dont Phédria est amoureux, empêchant alors l’annulation du mariage entre Antiphon et la personne qui lui était destinée. Fort heureusement pour les pères, nous apprenons au cours de la pièce que la personne aimée et celle qui lui était destinée étaient la même personne : Phanie.

    Analyser la pièce en quelques points

    L’action de la pièce se base sur le mensonge de l'adultère de Chrémès. Cela crée un quiproquo qui s’étend dans une structure binaire bien construite. En effet, le quiproquo autour de l’identité de la jeune fille aimée par Antiphon et celle que son père veut lui faire épouser est à l’origine de nombreuses péripéties inattendues.

    D’ailleurs, la binarité de la pièce trouve aussi une continuité dans le fonctionnement même des personnages. En effet, chacun d’entre eux fonctionne par paires : nous découvrons deux pères, des fils, deux femmes, mais un seul parasite (le Phormion) qui créera le lien et arrangera la situation au profit des fils et à celui des pères, sans le savoir.

    Ainsi, c’est le phormion qui détient réellement le pouvoir dans cette pièce. Cela fait penser à une inversion carnavalesque de ce pouvoir qui devrait pourtant appartenir aux pères de famille. En effet, le carnaval était la seule journée où les rangs sociaux étaient inversés. Ici, c'est le phormion qui apporte la solution avec son stratagème, les fils qui obtiennent leur souhait de départ, et les pères qui sont victimes de tout le monde car ils se font désobéir.

    Grâce au quiproquo et aux allers-retours, la pièce prend une dimension comique et à la fin, le parasite gagne plus qu'un simple bout de pain puisqu’il est invité à la table de ses maîtres.

    Le Phormion à l’origine de l’écriture des fourberies de Scapin

    Pour la petite histoire, il faut savoir que cette pièce est à l’origine de l’écriture des célèbres Fourberies de Scapin, écrites par Molière des siècles plus tard. En effet, tout comme ici, il s’agit de l’histoire de deux fils (Octaves et Léandre), tombant amoureux d’une femme paraissant de prime abord inaccessible et demandant de l’aide à un valet, c’est-à-dire un personnage au service des pères, pour les aider à résoudre la situation dans laquelle ils se trouvent.

    Cela fait alors du Phormion l’ancêtre de la célèbre pièce de Molière, encore étudiée par les jeunes écoliers à l’école. D’ailleurs, la fin est identique puisque les deux fils peuvent épouser l'élue de leur cœur, et Scapin est invité à manger avec ses maîtres. Ce qui fera que Molière rencontre un plus grand succès, c’est sûrement sa réputation pour d’autres pièces et la construction plus riche des personnages. Il actualise également la pièce, ce qui fait qu’elle est encore compréhensible là où celle de Térence a pu vieillir (notamment en termes de vocabulaire).

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    Dernière pièce de Térence : Les Adelphes

    La dernière pièce de Térence fut jouée pour la première fois en 160 avant J.-C. Comme pour Le Phormion, nous retrouverons dans le théâtre de Molière une version plus actuelle de cette pièce avec L’école des maris.

    Résumé des Adelphes de Térence

    Dans cette nouvelle pièce, nous suivons l'histoire de deux frères : Déméa et Micion. Le premier vit à la campagne, l'autre en ville. Déméa a eu deux fils, Ctésiphon et Eschine et le second a été adopté par Micion qui n’avait pas d’enfants.

    Ctésiphon tombe amoureux d'une esclave joueuse de cithare, mais c'est Eschine qui va l'enlever pour aider son frère puisque Ctésiphon a trop peur de son père. Entre temps, Eschine est tombé amoureux de Pamphila, une jeune fille qu'il a violée et mise enceinte, et qu'il a promis d'épouser.

    Les deux pères se disputent alors à propos de l'éducation de leurs enfants, trop stricte ou trop laxiste, selon le point de vue de l’un et de l’autre. Mais finalement, les choses sont mises au clair, et les deux jeunes gens épousent leur promise respective.

    Comprendre la pièce de Térence

    Les conflits présentés dans cette pièce sont typiques des affrontements comiques. Le premier d’entre eux est un conflit générationnel entre le père et le fils. Celui-ci découle du fait que le père cherche à contrôler tous les paramètres de la vie de ses descendants, sans se soucier de l'avis du concerné. Et le fils tente donc inévitablement de se défaire de cette emprise, et à épouser celle qu'il aime par exemple.

    Le deuxième conflit de la pièce est social et éducatif. Déméa vit à la campagne et n'a pas une grande fortune, il élève son fils dans une sévérité telle qu'il le terrorise. Déméa est l'ancêtre des pères bourrus du théâtre classique, comme celui de Molière, et ne peut être que contredit et ridiculisé par les autres personnages, ses fils et esclaves de préférence.

    Il s’oppose en tout point à son frère, Micion, citadin fortuné qui a élevé son neveu comme son propre fils. Celui-ci a préféré laisser son fils adoptif agir à sa guise, préférant être un ami plus qu'un père. Les comportements des deux fils illustrent alors les conséquences des deux systèmes d'éducation. Cistéphon, fils de Déméa, est tout au long de la pièce craintif, timide et remet son sort aux mains de son frère et de ses esclaves, parce qu'il a trop peur d'assumer ses actes et d'affronter son père. Eschine est énergique, dévoué mais se permet d'agir comme il le souhaite, et ne se fait jamais réprimander.

    Dans cette pièce, le conflit sur les théories d'éducation ne trouve pas réponse nette et tranchée. Déméa applique une éducation stricte et rude, mais qui pousse au mensonge et à la peur. Micion prône une éducation basée sur la confiance mutuelle et le dialogue, ce qui a pour résultat que son fils fait tout ce qui lui passe par la tête, sans se soucier des conséquences. Toutefois, cette pièce est une véritable invitation à penser l’éducation des enfants à travers des ressorts comiques et légers.


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