Tes bras sont une fête de F. Duchâtel
Tes bras sont une fête est un recueil de poésie amoureuse qui joue avec la langue et les sens. Il révèle une inventivité langagière et une liberté d'esprit qu'on ne retrouve plus aussi souvent qu'avant. Cette œuvre est à la fois une ode à la vie et une boutade permanente, comme si l'amour devait aussi prendre les couleurs de la légèreté et de la ville avant de devenir sérieux et difficiles. Ici, les amours ne sont pas mortes, elles parcourent les rues de Paris tendrement et laissent place à l'émerveillement quotidien. Pour cette aventure pleine de joie de vivre, je remercie la poète de cet ouvrage pour son partage.
Résumé de Tes bras sont une fête
Peut-on résumer un recueil de poésie ? Cela arrive lorsqu'un fil rouge se dégage d'une œuvre. Ici, nous découvrons une histoire d'amour au détour d'une rencontre dans un bar. Les émotions de la découverte, l'attirance puis la discussion sont évoquées poétiquement. Après cela, tout va vite : promenade, relations, parcours dans la ville de Paris aux lumières diverses, mais toujours plus belle dans les bras d'un être aimé. Alors que peut-il se passer ? Finissons-nous tous par marcher seul "eau petit matin" ? Il faudra lire F. Duchâtel pour le savoir.
Une inventivité langagière qui joue sur le double sens
La langue joue un grand rôle dans la poétique d'un ouvrage. Ici, la poète joue sur le double sens des mots et leur graphie pour créer de nombreuses images là où il n'y aurait pu en avoir qu'une seule sans ce procédé. Parfois, la construction se fait à l'aide de deux mots au lieu d'un : "plus ris-en" pour "plus rien", d'autre fois, le jeu se fait grâce à des homophones. N'oublions pas que la poésie est d'abord faite pour être dite, oralisée. D'autres fois encore, le mot est simplement décomposé en plusieurs unités, ce qui donne une lecture plus saccadée mais également plus riche.
Si toute la poésie joue sur les mots et construit une langue nouvelle et joyeuse, joueuse, quelques poèmes (de la page 83 à 113), retrouvent un certain conventionnalisme. Les rimes se font nouvelles et les jeux de mots sont moins nombreux, voire inexistants. Cela produit une pause délicate lors de la lecture du recueil poétique parce que la poésie peut aussi se traduire par la simplicité et l'honnêteté des sentiments. Ce passage raconte une nouvelle rencontre, dans la séduction et l'amour tendre. Il traduit également peut-être un moment plus sage, moins sous l'influence festive d'une ville la nuit, pleine d'allégresse et de transgression.
Ce qui fait la richesse poétique du recueil est l'inventivité langagière
Sans nul doute, ce qui fait la richesse de cette inventivité langagière n'est pas la difficulté de la langue, elle reste accessible et les jeux de mots sont compréhensibles. L'œuvre est unique pour son ton jovial et doucereux. C'est avant tout une promenade amoureuse dans laquelle la langue et la vi(ll)e s'épanouissent. En effet, il ne faudrait pas oublier que le paysage joue un rôle dans le déroulé de cette histoire.
Nous vous invitons également à lire la table des matières qui forme en elle-même un poème. Cette ultime poésie retrace la direction amoureuse prise et les conclusions de cet amour. C'est un condensé de ce que dévoile la poète au cours de son recueil, car si la poésie n'est, par nature, pas narrative, elle pourrait presque l'être ici parce qu'elle raconte bel et bien l'histoire d'amour qui n'est pas attendue.
Citations
Chacun de leur pas rit
Sur les pavés
Aux âmes usées
Deux a-musés
Errant de bras-se-rient
En bars, sourient.
"Deux naufragés"
Et l'ivresse de ton corps
Contre le mien serré
Nous a fait tant errer ;
Les zigzags du décor
- Clair obscur délavé -
Nous laissaient deviner
Sa tendresse dépeinte
Au loin.
"Nous avions bu deux pintes..."
- F. DUCHÂTEL, Tes bras sont une fête, Le Lys bleu Editions, 2020
- Et puisqu'une fois n'est pas coutume, je vous invite à redécouvrir "Les nuits parisiennes" de Louise Attaque sur YouTube, à écouter après la lecture de Tes bras sont une fête, évidemment (ou avant pour se mettre dans l'ambiance, pas de plaisirs coupables entre nous !)