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    20 septembre 2022

    Lire la nouvelle Carmen de Prosper Mérimée

    Lire la nouvelle Carmen de Prosper Mérimée

    Prosper Mérimée, grand spécialiste de la nouvelle au XIXe, développe dans Carmen la figure de la femme fatale. Elle est probablement la figure féminine la plus forte de toutes les œuvres de Mérimée. La nouvelle, d’abord parue dans "La revue des deux mondes", en 1845, n’avait au départ que trois chapitres. C’est au moment de publier pour lui-même son texte qu’il a augmenté d’un quatrième et dernier chapitre son œuvre, terminant ainsi comme il a commencé, par des propos archéologiques et ethnologiques.

    Résumé de la nouvelle Carmen

    En attendant que ma dissertation résolve enfin le problème géographique qui tient toute l'Europe savante en suspens, je veux vous raconter une petite histoire ; elle ne préjuge rien sur l'intéressante question de l'emplacement de Munda.
    Carmen, Prosper Mérimée

    Dans cette nouvelle de Mérimée, on découvre un narrateur à la recherche d'un site archéologique. Mais ce n'est pas sa recherche que le narrateur veut nous raconter. Non, il prévoit pour le lecteur une histoire d’amour passionnée, avec des personnages forts et d’autres qui le sont moins, mais gare aux apparences !

    Tout débute lorsqu’il rencontre, au cours de ses recherches, un homme dans une plaine paradisiaque. C'est alors une histoire de brigand, de bohémien et d'amour qui se dessine, et cela en présage d'un drame.

    Une nouvelle à la narration enchâssée

    Deux narrateurs se suivent dans cette nouvelle. Le premier est "l'archéologue", bon représentant de Mérimée lui-même. En effet, Prosper Mérimée a occupé le poste d’inspecteur des monuments historiques avant de devenir secrétaire de la Commission des monuments historiques. Également reconnu comme anthropologue, archéologue et historien, il possédait la matière nécessaire pour écrire une nouvelle dramatique, romantique ET historique.

    Cet archéologue rencontre donc Don José qui, avant de devenir brigand par amour, était soldat. Mais sa dulcinée, Carmen, est une femme fatale. Alors qu'il s'apprête à être exécuté pour ses méfaits, il devient le narrateur de son histoire, pleine de passion et de fougue amoureuse, de danger et de jalousie.

    Un dernier chapitre redonne la parole à la figure de "l'archéologue", qui nous raconte ce qu'il sait de la vie de bohémien. Il raconte la langue de ces peuples itinérants et leur malice ainsi que leur musique. L’archéologue se fait ethnologue et partage avec nous un beau portrait d’un groupe social qui attirait les romantiques pour l’exotisme qu’ils représentaient. Combo parfait pour Mérimée : cette description permet également au lecteur de se plonger dans la "couleur locale" si importante pour les romantiques.

    Qu’est-ce que la narration enchâssée ?
    La narration enchâssée est un type de récit avec une structure sur deux niveaux. Le premier niveau de la narration fait penser à une introduction, c’est le narrateur principal qui parle et c’est également lui qui clôturera le récit. Le second niveau se révèle très vite comme le principal de l’histoire. Le premier narrateur laisse alors la parole à un autre personnage qui raconte son histoire.

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    Carmen, femme fatale versus José, le héros romantique raté :

    Carmen, la femme sauvage et indomptable

    Pour que l’image de la femme fatale prenne forme, il a fallu que les auteurs se penchent sur cette figure littéraire dont l’importance s’est accentuée dans le romantisme du XIXe siècle. Prosper Mérimée a su utiliser cette figure avec brio dans cette nouvelle.

    En effet, Carmen à la peau mate, de longs cheveux noirs et est assimilée à une prédatrice, une séductrice partant à la conquête des hommes. Bien qu’elle aime être aimée des autres, elle place sa liberté avant la notion d’amour. Elle est forte, indépendante, sensuelle et sauvage à la fois.

    En ce sens, nous retrouvons diverses descriptions faisant d’elle un animal puissant, parfois effrayant par leurs symboliques. Elle est tour à tour décrite avec des caractéristiques de corbeaux (la couleur de ses cheveux), de loups (ses yeux), de crocodile (son rire), puis également une pouliche, un cabri et des chats.

    José, homme sensible et raffiné raté

    Face à cette femme forte se trouve José, devenu brigand pour les beaux yeux de Carmen et cela malgré lui. En effet, dans l'imaginaire de notre archéologue, José le célèbre brigand est un héros romantique. Son histoire, ses amours, sa liberté, son instinct de voyageur : tout fait de lui le héros exotique que l’archéologue fantasmait.

    Toutefois, la réalité est autre. Lorsque José prend la parole pour raconter son histoire, ce n’est plus un héros romantique en puissance qui parle. Il ne s’agit plus que d’un homme victime de son amour, presque escroqué par la femme qu’il a aimé et qui l’a utilisé.

    Il prend alors, selon son propre témoignage toujours, un être pathétique et méprisable qui s’est laissé embarquer dans une aventure qui le dépasse. Malgré tout, son histoire touche l’archéologue et les lecteurs qui parviennent à éprouver une certaine compassion pour ce personnage.

    S’il déçoit notre narrateur en quête de monuments historiques de prime abord, il n’en demeure pas moins un homme bon qui a donné sa vie (en se préparant à la perdre) pour l’être aimé et qui a pris d’un autre pour défendre l’honneur de sa belle.

    Finalement, Prosper Mérimée nous offre une enquête anthropologique sous le couvert d'une histoire passionnelle et souvent représentée au cinéma... À vous de découvrir la nouvelle !

    Citations

    C'est toi qui m'as perdu ; c'est pour toi que je suis devenu un voleur et un meurtrier.
    Nous passâmes ensemble toute la journée mangeant, buvant, et le reste. Quand elle eut mangé des bonbons comme un enfant de six ans, elle en fourra des poignées dans la jarre d'eau de la vieille. "C'est pour lui faire du sorbet", disait-elle. Elle écrasait des yemas en les lançant contre la muraille. "C'est pour que les mouches nous laissent tranquilles", disait-elle... il n'y a pas de tour ni de bêtises qu'elle ne fit. Je lui dis que je voudrais la voir danser; mais où trouver des castagnettes? Aussitôt elle prend la seule assiette de la vieille, la casse en morceaux, et la voilà qui danse la romalis en faisant claquer les morceaux de faïence aussi bien que si elle avait eu des castagnettes d'ébène ou d'ivoire. On ne s'ennuyait pas auprès de cette fille-là, je vous en réponds.
    La jalousie regarde toujours avec des lunettes d'approche, qui font les petites choses grandes, les nains des géants et les soupçons des vérités.

    Si ce livre vous intéresse :
    Sinon...
    Angelo Tyran de Padoue de Victor Hugo - Culture Livresque
    Après avoir écrit tant de romans, de pièces de théâtre, de poésie, et s’être autant engagé dans la société de son époque, Victor Hugo continue à toujours se renouveler et nous surprendre...
    // lastname: Mérimée // firstname: Prosper // title: Carmen