Qu’est-ce que le romantisme ?
Le romantisme est le premier vrai courant du XIXe siècle. Il révèle une véritable volonté d’innover et s’étend massivement sur toute la première partie du siècle. La vision du romantisme d’aujourd’hui est biaisée par de nombreuses évolutions au cours du temps. On cache maintenant derrière ce terme l’idée de sentimentalisme et d’amour à l’eau de rose alors qu’il s’agissait à l’époque d’un vrai combat. Pour écrire des œuvres romantiques, il fallait faire preuve d’audace. Au XIXe, il s’agit d’un mouvement qui bouleverse véritablement la jeunesse. Le romantisme est provocant et remet en cause les revendications bourgeoises.
Les origines du romantisme
Le romantisme a évolué au cours du siècle. Ce que le réalisme a été à ses origines est bien différent de ce qu’il est devenu par la suite. Au tout début, il s’agit d’un mouvement qui émerge dans un autre pays. Il est admis que le romantisme puise ses sources en Allemagne par des pensées philosophiques. Elle se manifeste en réaction à la philosophie des lumières. Si le siècle de la raison prend fin, c’est pour enfin laisser parler les sentiments et les intuitions. Au fur et à mesure, le romantisme se fait connaître et devient un phénomène culturel en Allemagne puis dans toute l’Europe.
Si le mouvement est une réaction aux Lumières, il est donc influencé par des écrivains français du XVIIIe siècle. En France, les auteurs vont être marqués par des écrivains allemands comme Goethe avec son œuvre Les souffrances du jeune Werther parut en 1774 puis traduit en français. Une autre de ses œuvres va marquer un tournant dans l’intérêt de la France pour le romantisme : c’est Faust paru en 1775 et traduit en France par Nerval, proche de ce style très onirique.
Quelques auteurs romantiques :
- Alphonse de LAMARTINE ;
- Alfred de VIGNY ;
- Victor HUGO (L'homme qui rit, Angelo tyran de Padoue, Les contemplations) ;
- Alfred de MUSSET (Lorenzaccio) ;
- François-René CHATEAUBRIAND.
Une réaction au siècle des Lumières et à l’impuissance sociale
Comme beaucoup de mouvement, le romantisme est né en réaction à l'épuisement du mouvement littéraire le précédent. Dans ce cas, ce sont les philosophes des Lumières qui, après avoir produit une œuvre très dense, se voient remplacés par un nouveau mode de pensée. L'individu est à nouveau mis à l'honneur et cela en réaction à l'impuissance sociale que ressentent ses personnes face à la politique.
Réagir au siècle des Lumières dans une souffrance impuissante
Les désillusions que la France a traversées expliquent aussi la propagation du romantisme. Il s’agit aussi d’une réaction au désenchantement, au manque d’énergie et à une déception après des espoirs un peu trop fort. C’est une désillusion sociale et politique qui marque le romantisme. Le mal du siècle va naître. Les auteurs sont prisonniers d’un mal dont ils ne peuvent pas vraiment définir les causes. Tout ce qu’ils savent, c’est qu’ils sont malheureux et ne parviennent pas à évoluer dans la société. En effet, la situation n’est pas glorieuse pour la jeunesse en quête d’un monde plus juste.
La jeunesse s’oppose alors de plus en plus à l’esprit bourgeois des Lumières. C’est d’ailleurs la classe sociale qui s’impose au XIXe siècle, ce qui rend la tâche plus ardue. Les bourgeois sont ceux qui prennent le pouvoir et sont perçus comme des matérialistes. La jeunesse romantique leur reproche leur goût douteux et il s’agit définitivement de la cible à abattre. Plutôt que le matérialisme, les romantiques vont défendre la libération du spirituel, de l’individualisme, du cœur et du dépassement de soi. Les romantiques veulent que le sentiment gouverne la société en même temps que la raison.
Refaire du neuf avec du vieux : les romantiques regardent à nouveau les anciens
Les romantiques préfèrent donc l’émotion et la fantaisie aux valeurs d’ordre des classiques et des Lumières. Cela se traduit naturellement dans leur art qui se débarrasse des règles de bienséances pour devenir plus provocateur, original. Ils opposent l'émotion à la raison, l'originalité à l'imitation, la fantaisie à l'ordre et l'individu à l'universel. Attention, ils estiment que les classiques ont créé de belles œuvres comme le théâtre de Racine. En revanche, ils pensent qu’on ne peut pas continuer à écrire de cette façon au XIXe, les temps ont changé et ce style n’apporte plus rien.
L’arrivée du romantisme signe la fin du mouvement des Lumières. Pour créer un nouveau genre, ils souhaitent s’imprégner de la littérature ancienne pour faire du neuf. Si les Lumières ont coupé court avec les anciennes œuvres, les romantiques vont faire l’inverse : se nourrir du vieux pour constituer le nouveau mouvement littéraire. Ils valorisent alors le mélange des genres. Ils veulent la liberté, la libération du génie. Ils essayent donc de bouleverser les règles et les codes, notamment en se tournant vers tous les domaines qu'avaient délaissés les philosophes des Lumières. La poésie en est un parfait exemple.
Le mal du siècle
L'une des sources de malheur des romantiques est le mal du siècle. Il s'agit globalement d'un sentiment d'impuissance et d'une certaine mélancolie pouvant aller jusqu'à la dépression face au monde qui entoure les auteurs. Cette génération désenchantée transmet son mal-être à travers la littérature.
L’une des sources du mal du siècle romantique est le malheur politique
Le mal du siècle, c’est le vague à l’âme, c’est le bouleversement enclenché par les passions. Il s’agit aussi d’un mal inexplicable que ressent la jeunesse du XIXe siècle. L’expression "mal du siècle" est née au début du siècle en question, c’est une douleur qui s’exprime dans beaucoup de romans personnels (écrits avec l’utilisation de la première personne du singulier) et dans la poésie. Le jeune touché par le mal du siècle romantique est un personnage qui ressent un sentiment de marginalité. Cette marginalité naît d’un sentiment de rejet ou parce qu’il ne sent pas à sa place ou ne trouve pas sa place dans la société.
Pour Alfred de Musset, le mal du siècle est éminemment politique. Il y a déception politique puisque la révolution de Juillet avec sa soif de liberté n’a pas permis d’avoir les résultats escomptés. La société reste principalement bourgeoise. Cette révolution renvoie également automatiquement à l’image de la mort et de la maladie : "Si j'étais seul malade, je n'en dirais rien ; mais, comme il y en a beaucoup d'autres que moi qui souffrent du même mal". La génération de Musset se repose sur le présent dans un entre-deux : le passé est mort et l'avenir ne semble pas venir.
La recherche du bonheur n’aboutit pas
Il y a une sorte de souffrance et de lassitude, mais ils ne parviennent pas toujours à identifier l'origine de ce mal-être. Parfois les auteurs romantiques ont des élans intellectuels, des aspirations importantes, une volonté, une spiritualité. Toutefois, ils ne trouvent rien dans leur époque qui leur permet de combler cette envie. Il y a donc aussi une insatisfaction et une impossibilité de dire ce qu'ils ont en eux-mêmes.
Certains des sentiments qui en découlent sont un rejet de l’idée du bonheur : "Je n'ai jamais été heureux, je n'ai jamais atteint le bonheur que j'ai poursuivi" dira Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe. La recherche du bonheur n’aboutissant pas, une frustration et une insatisfaction font place, tout comme la volonté d’oublier le monde et le sentiment de solitude. Malgré tout, il y a souvent une part de complaisance dans cette douleur. Cela provoque une sorte de lyrisme, signe d’élection à une caste très fermée.
Quelques thématiques du romantisme
Le romantisme est un mouvement littéraire foisonnant divisible en plusieurs strates. Si le romantisme évolue au cours du XIXe siècle, certaines thématiques se partagent toute la durée du mouvement et d'autres sont plutôt attribuées à une période bien précise de l'écriture romantique.
La thématique phare du romantisme : le développement de la vie intérieure
je rentre en moi-même et je trouve un monde.
Les souffrances du jeune Werther, Goethe.
Alors que l’individu était effacé derrière l’intérêt commun et le groupe à l’époque Lumières, les romantiques vont rendre la parole aux individus. Chez tous les écrivains, le questionnement sur le moi va croître. Chacun va vouloir trouver ce qu’il a de singulier, ce qu’est le "moi" et le "je". On considère enfin que le "moi" peut être le centre de l’écriture et peut donner du sens à la littérature. Ils redécouvrent aussi leurs rêves et les plaisirs de l’imagination et de la fantaisie. Puisqu’ils ne s’imposent plus de limites, fuit la réalité par l’imaginaire n’est plus interdit.
D’autres redécouvrent le sentiment religieux, surtout dans la première partie du romantisme. Ils se tournent vers la religion qui a été mise à mal par la pensée des Lumières. Ils y trouvent un réconfort, l’illumination, le sublime et une certaine sécurité. D’ailleurs, le spiritualisme et l’occultisme jouent sur cette notion d’imaginaire et développent un nouveau monde qu’il reste à transmettre en littérature.
La nature et l’ailleurs comme sources de thématiques
Puisque les auteurs se tournent à nouveau vers le sentiment religieux (mais pas obligatoirement chrétien, loin de là), la nature retrouve également sa place. Dans les pensées, la nature possède ses voix divines (c’est ce que pense par exemple Victor Hugo). Pour beaucoup d’auteurs romantiques, la nature reflète l’expression d’une certaine spiritualité. Elle peut aussi être le reflet d’une réflexion sur le temps qui passe ou au contraire sur une impression de perpétuité. En effet, la nature semble parfois figée dans le temps alors qu’on s’y réfugie, qu'on s’y console et elle peut devenir une confidente. La nature est aussi une sorte de miroir de l’homme pour les romantiques. Ils entrent en communion avec la nature, elle est le miroir de leur âme et de leur détresse.
D’autres romantiques préfèrent voyager. L’ailleurs intervient de plus en plus souvent dans le romantisme. Le goût de l’exotisme croît comme dans l’œuvre Paul et Virginie de Bernadin de Saint-Pierre ou dans Atala de Chateaubriand qui présente une nature luxuriante et très exotique. Les romantiques sont à la recherche de l’ailleurs pour oublier où ils se trouvent et leur détresse émotionnelle. Cet ailleurs peut d’ailleurs être un exotisme géographique ou temporel. On pense par exemple aux romans historiques qui se placent dans un temps passé ou les drames romantiques comme Angelo Tyran de Padoue de Victor Hugo. Ces drames romantiques se situent souvent en Italie au XVe siècle. Il y a donc une recherche de fuite dans un autre temps à une époque où ils peuvent imaginer un autre monde. Un autre exotisme qu’on ne peut pas oublier est celui provoquer par les drogues. Baudelaire va par exemple vanter les drogues et s’en servir pour trouver de nouvelles images. Ce n’est pourtant pas le seul, parmi les défenseurs de l’usage des narcotiques, on trouve Musset, Nerval, Théophile Gautier et bien d’autres encore.