Orgueil et préjugés de Jane Austen
Jane Austen est née en 1775, elle est femme de lettres anglaise et fait partie de la bonne société anglaise. Elle doit sa bonne éducation à son père et ses frères, ainsi qu’à la bibliothèque familiale bien remplie. Mais ce qui nous reste le plus d’elle, c’est son brin de génie littéraire.
Résumé d'Orgueil et préjugés
Orgueil et préjugés, c’est l’histoire de vice, de changement et d’amour, surtout d’amour. L’histoire se déroule pendant les guerres napoléoniennes, dans la campagne de Longbourn. On découvre Elizabeth Bennet, qui grandit avec 4 autres sœurs : Jane, l’aînée qu’elle adore, Marie, Lydia et Kitty. Son père est intelligent, mais n’a pas vraiment de respect pour sa femme, un peu sotte et qui a toujours une expression déplacée envers ses hôtes, sans jamais en prendre conscience. Le jour où, à Netherfield, un nouveau voisin fera son apparition, tout changera dans la vie de cette famille tranquille, qui cherche simplement à marier ses filles. Ils rencontreront Mr Bingley, un homme joyeux, tout autant que Jane dont il s’éprendra. Mais un inconnu un peu ténébreux, froid et orgueilleux, arrive en même temps que lui : Fitzwilliam Darcy. Elizabeth aura du mépris pour lui, toujours enchaîné à ses préjugés, elle se trompera lourdement sur lui, jusqu’à en ressentir des regrets. Mais finalement, l’action ne compte pas tant que ça dans ce roman. Ce sont les idées sur l’amour qui prédomine et c’est lui qui évincera l’orgueil et les préjugés.
Une petite présentation s’impose
Jane Austen, entre vie et ironie
Jane Austen ne s’est jamais mariée. Elle a été amoureuse, mais n’a pas été plus loin. Ses thèmes de prédilections sont l’amour, le mariage, les classes sociales, la femme et la société. Elle critique souvent la dépendance de la femme par rapport à son mari lorsqu’il y a mariage.
Tout l’art de Jane Austen tient en son style, avec son ironie piquante, elle explore les conditions de la femme, leur dépendance financière, sexuelle et sociétale. À travers des histoires domestiques, où l’argent et les bons mariages sont essentiels pour l’avenir familial, son écriture nous fait découvrir tout un état de la société peu glorieux.
Orgueil et préjugés
Orgueil et Préjugés est son premier roman, qui ne sera pas signé de son nom (au moins au début). Elle l’avait écrit et proposé à un éditeur qui a refusé son livre. Alors elle le retravaille, transforme First Impressions (Premières impressions) en Pride and Prejudice ou Orgueil et préjugés en français. Elle le lit avec sa famille et décide de le proposer à nouveau à la publication. Ce roman à la fois sentimental, mais surtout psychologique sera un succès.
Dans ce roman, le dialogue devient action. Tout reste tranquille dans la petite maison de campagne de Longbourn, mais le trouble émotionnel qui règne nous tient en haleine. Le pouvoir de la répartie est à l’origine des disgrâces du roman, pour Mrs Bennett, mais aussi des erreurs, surtout de jugement et finalement des bonheurs, car il sera à l’origine des déclarations d’amour pour un mariage consenti et heureux.
Diverses visions du mariage et de l’amour qui se confrontent
L'amour sincère à la base du mariage
Je sais que tu ne seras ni heureuse, ni respectable, si tu n'estimes pas sincèrement ton mari, et si tu ne le considères pas comme supérieur.
Il y a l’amour coup de foudre, celui auquel on aspire et dont les petites filles rêvent : celui de Jane et de Charles Bingley. C’est l’amour le plus fort, passionné, mais aussi le plus dangereux pour l’avenir. Lorsqu’il n’y a plus de passion, que reste-t-il ? Mais cet amour, qui sera confronté aux mauvais regards d’une partie des proches de Charles, se réalisera dans le mariage, et dans le bonheur.
Il y a l’amour qui naît d’un apprentissage, d’une reconnaissance de l’autre et d’une complicité naissante. Il est moins passionné et paraît à Elizabeth, "moins intéressant", mais tout aussi fiable. Il s’agit de ce qu’elle éprouvera vis-à-vis de Darcy. À la fin de l’œuvre, elle aura même conscience qu’elle pourrait être plus heureuse que sa sœur. Et cela parce qu’il s’agit de son propre bonheur, mais aussi parce qu’elle a choisi de se marier par amour. Un amour doux qui se construit au fur et à mesure, dont on ne connaît pas le moment réel des changements de sentiments, juste de la prise de conscience du sentiment amoureux.
Le choix du mariage plutôt que de l'amour
Mais il y a également un autre type d’amour, qui n'est pas vraiment sincère. C’est le mariage qui en est le dépositaire. Il s'agit d'un amour amical au mieux, au pire un amour qui supporte l’autre. Mrs Lucas, future Mrs Collins et Mr Bennett en sont les modèles. Mrs Collins voit l’avantage qu’il y aurait à épouser quelqu’un comme Mr Collins et pense qu’elle pourra supporter une vie auprès de lui, au prix de quelques sacrifices et déconvenues. Elle se lance alors dans ce mariage plutôt par dépit et besoin que par amour. Car dans sa prise de décision, il y a autre chose qui entre en jeu : d’ici quelque temps, elle sera considérée comme une vieille fille, chose très mal vue, qui plus est, elle n’est pas très jolie.
Quant à Mr Benett, il aura de bons conseils pour un mariage réussi. Il pense qu'on doit voir l’autre comme supérieur à soi pour un respect mutuel et une relation heureuse. Malheureusement, il ne sera jamais heureux dans son ménage, car ce respect qu’il pense devoir ressentir, il ne l’a pas envers sa femme. Cela a d’ailleurs blessé Elizabeth, au cours de sa vie.
Tout n’est qu’une histoire de société et de convenance
C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire doté d'une certaine fortune est nécessairement à la recherche d'une épouse.
Pour certains de ces personnages évoluant dans un monde de paraître, les classes sociales sont un frein à l’amour. La volonté de faire un mariage avantageux prend alors le dessus sur celle de faire un mariage d’amour. Voilà tout le sujet du livre : un mariage heureux ou avantageux ?
Le premier mariage envisagé par amour, celui de Jane et de Bingley est contrarié par la société. Il s’agissait pourtant d’un mariage qui aurait été très sincère. Mais la différence de classe sociale et les promesses de richesse d’un mariage avec la famille Darcy prennent le dessus, contre l’avis du personnage concerné.
Le premier exemple de mariage accompli est celui de Lady Lucas qui devient Mrs Collins, non pas par amour, mais pour les avantages qu’un tel mariage représente, comme dit plus haut. Voici une triste première vision du mariage, pourtant commode et banal…
Le second mariage d’amour qui aurait pu avoir lieu, celui de Darcy avec Elizabeth est contrarié par l’orgueil de Darcy et par les préjugés de la principale intéressée. En effet, lors de sa demande, Darcy montre à quel point cette proposition lui est coûteuse, car sa famille est de plus basse condition que lui, qu’elle n’a pas d’argent et qu’il serait même insultant pour lui de se rabaisser à ces gens indisciplinés. En plus de ce comportement, elle se fie à une première impression qui donnait de lui l’image d’un homme orgueilleux et non intéressé, voire impoli et désobligeant. Elizabeth refuse le mariage.
Enfin, pour alterner, on découvre un nouveau mariage, forcé par la société. Lydia s’est enfuie avec Wickham sans que ni l’un ni l’autre n’ait des intentions de mariage. Cette situation infamante pour la famille conduit à un mariage, qui sera plutôt malheureux, la passion ayant laissé place à l’indifférence.
Finalement, les deux derniers mariages de la famille, par amour, seront heureux et avantageux pour la famille Bennet. Jane épousera Charles Bingley et Elizabeth Mr Darcy.
Briser l’orgueil et les préjugés
Des personnages qui évoluent
À ceux qui ne changent jamais d'opinion, il incombe particulièrement de bien juger du premier coup.
L’orgueil de Darcy sera par exemple à l’origine d’une déconvenue avec Elizabeth, pour n’en citer qu’une. Il conseillera à Bingley, son ami, de ne pas épouser Jane dont il est amoureux, car il doute de son amour et sa famille est de classe sociale trop basse pour lui. Mais les personnages vont évoluer : Elizabeth prendra conscience de son erreur de jugement et Darcy reviendra sur ses propos pour donner sa permission à son ami pour un mariage d’amour, profitable aux deux parties. Lorsque les faux-semblants se briseront, nous découvrirons même un Darcy tendre et affectueux envers Elizabeth, qui fera de son mieux pour l’aider lorsque Lydia, l’avant-dernière de cette famille de 5 filles, se pourvoit auprès de Wickham.
Des personnages qui représenteront les vices de la société
Mais si certains personnages parviennent à évoluer, d’autres resteront prisonniers de leur comportement. L’hypocrisie, dans ce roman, n’est pas combattue : Wickham et Miss Bingley en sont de parfaits exemples. Wickham mentira pour arranger son image, il aura des dettes partout, manipulera son monde et son caractère qui le rend aimable sera un atout, où, Darcy, peu à l’aise en société, sera méprisé. Miss Bingley, elle, sera orgueilleuse et vantarde au point de faire entrer Elizabeth chez elle. Elle veut montrer à Darcy à quel point elle est meilleure qu’elle et combien un mariage avec la famille Bennett serait fâcheux. Mais à vouloir montrer à quel point Elizabeht est repoussante, c’est elle qui se prend à défaut auprès de Darcy, qu’elle aurait voulu épouser. Son comportement restera le même jusqu’aux dernières lignes du livre… Tout le monde ne peut pas changer, tout de même ! Même si les fausses apparences et les masques tombent, la société n’est pas prête à changer aussi radicalement.
Conclusion
Jane Austen nous a offert une œuvre bien riche, qui passe par un seul objectif : le mariage et qui révèle tous les travers d’une société. Voici un livre à lire et relire, pour mettre en lumière des sentiments et des comportements qui sont malheureusement encore bien actuels, puisque, si l’on oublie quelques petits éléments, nous pourrions nous croire encore dans nos temps modernes où l’on pense à l’argent autant qu’à l’amour, avec ou sans mariage. Cela tient probablement au fait que l’histoire des guerres joue un rôle, mais en arrière-plan, on ne se perd pas dans ces décors qui datent trop l’histoire. Tous les lieux sont bien définis et intemporels, qui ne rêverait pas encore de vivre dans un château ?