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    30 janvier 2025

    Résumé annoté de La Cantatrice Chauve

    Résumé annoté de La Cantatrice Chauve

    Cette pièce de théâtre, ou "anti-pièce" telle qu’elle est sous-titrée, se résume à un acte de 11 scènes, toutes plus décousues les unes que les autres. Nous découvrons ainsi les Smith et les Martin, dans une flopée de paroles perdant leur sens, mais qui nous offre une pièce absurde à la fois comique et critique.

    Les personnages et le lieu de La Cantatrice chauve

    • Mme Smith et M. Smith, personnages chez la pièce se déroule
    • Mary, la bonne des Smith
    • M. et Mme Martin, amis des Smith
    • Le capitaine des pompiers

    Il y a peu à dire sur les personnages, si ce n’est qu’ils sont anglais et qu’ils en sont fiers. Ils sont des caricatures de gens lambda et son interchangeable (cf. article ). En ce qui concerne le décor, nous pouvons nous référer à celle proposée par l’auteur, assez courte pour ne se concentrer que sur l’essentiel… et le caractère anglais de la pièce :

    Intérieur bourgeois anglais, avec des fauteuils anglais. Soirée anglaise. M. Smith, Anglais, dans son fauteuil et ses pantoufles anglais, fume sa pipe anglaise et lit un journal anglais, près d’un feu anglais. Il a des lunettes anglaises, une petite moustache grise, anglaise. À côté de lui, dans un autre fauteuil anglais, Mme Smith, Anglaise, raccommode des chaussettes anglaises. Un long moment de silence anglais. La pendule anglaise frappe dix-sept coups anglais.

    Résumé de l’œuvre avec ses annotations

    Vous trouverez ici le résumé détaillé de la pièce scène après scène, avec quelques éléments qui méritent d’être soulignés et analysés pour comprendre l’œuvre.

    Scène 1 : intérieur bourgeois

    Les personnages : M Smith et Mme Smith

    Résumé : Les époux Watson sont dans leur salon très anglais. Ils parlent de tout et de rien puis du souper, la présentation de leurs enfants, du médecin du village et de la marine, de la famille Watson et de tous les Bobby du village. La scène se termine sur une dispute à propos d’une question "stupide" qu’aurait posée Mme Watson que lui a reprochée son mari. Elle s’est sentie humiliée, ils se critiquent puis vont se coucher ensemble, comme un "vieux couple".

    Notes sur l’incipit :

    Il y a de nombreux points intéressants à analyser dans cette scène d’exposition. La première est l’insistance de la description sur le caractère anglais de la scène. Ce dernier est aussi bien utilisé pour les personnages que pour le décor. Elle se fait dans une accumulation absurde et répétitive (un fauteuil et des pantoufles anglais, un autre fauteuil anglais, "une petite moustache grise, anglaise", etc.). Le dialogue aussi insiste sur ce côté anglais, participant à l’incohérence du discours général :

    Nous avons bien mangé, ce soir. C’est parce que nous habitons dans les environs de Londres et que notre nom est Smith.

    En ce qui concerne les échanges, nous sommes d’abord sur un monologue, puisque le mari continue de lire son journal et se contente de claquer de la langue lorsque sa femme lui parle. Celle-ci commence ainsi, petit à petit, à proposer des phrases qui semblent incohérentes, posant ainsi les bases de l’œuvre : un non-sens du discours et un jeu sur les formulations. En voici un exemple intéressant :

    Le poisson était frais. Je m’en suis léché les babines. J’en ai pris deux fois. Non, trois fois. Ça me fait aller aux cabinets. Toi aussi tu en as pris trois fois. Cependant, la troisième fois tu en as pris moins que les deux premières fois, tandis que moi j’en ai pris beaucoup plus. J’ai mieux mangé que toi, ce soir. Comment ça se fait ? D’habitude, c’est toi qui manges le plus. Ce n’est pas l’appétit qui te manque.

    Le raisonnement est biaisé dès le début puisque la protagoniste se contente de la façon de se servir pour déterminer qui a mangé, brisant la règle logique qui voudrait qu’on s’intéresse à la quantité servie. Les illogismes s’installent ainsi, au fur et à mesure de l’œuvre, en allant jusqu’à toucher l’éthique :

    Il ne recommande jamais d’autres médicaments que ceux dont il a fait l’expérience sur lui-même. Avant de faire opérer Parker, c’est lui d’abord qui s’est fait opérer du foie, sans être aucunement malade.

    Ainsi, toute tentative (rassurante pour le lecteur) de retour à la raison est bridée par de nouveaux raisonnements abstraits, à la façon d’un sophisme, là où on attendrait un syllogisme :

    On ne peut pas comparer un malade à un bateau. […] Ah ! Je n’y avais pas pensé… C’est peut-être juste…

    Voici encore quelques exemples intéressants de non-sens, invitant le spectateur à briser ses repères temporels, de lieu et tout sens logique :

    • "Il y a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi à la rubrique de l’état civil, dans le journal, donne-t-on toujours l’âge des personnes décédées et jamais celui des nouveau-nés ? C’est un non-sens." ;
    • la pièce évoque un nombre important de "Bobby Watson", tous énumérés, tous le même travail ;
    • la semaine ne comporte plus que trois jours : le mardi, le jeudi et le mardi ;
    • quand une question fait sens, ils la jugent stupide et ne parviennent pas à y répondre.

    Finalement, cette scène d’exposition est assez classique si on se penche sur les points principaux. Nous retrouvons la présentation des personnages ; la scène intime de discussion entre un couple permettant d’entrer dans une narration et un lieu, l’exposition du temps en évoquant le dîner. En revanche, l’absurde s’installe aussi grâce au comique de situation et de langage, par les illogismes et les répétitions/énumérations, les non-sens et les antiphrases :

    M. SMITH — Elle a des traits réguliers et pourtant on ne peut pas dire qu’elle est belle. Elle est trop grande et trop forte. Ses traits ne sont pas réguliers et pourtant on peut dire qu’elle est très belle. Elle est un peu trop petite et trop maigre.

    Scène 2 : le retour de Mary

    Les personnages : Les Smith, Mary

    Résumé : Mary entre et raconte avoir passé un bon moment à l’extérieur, les Smith espèrent qu’elle a passé un bon moment. Mary indique que leurs invités sont restés dehors, n’osant pas entrer seuls alors qu’ils étaient invités. Les Smith lui reprochent d’être sortie, elle leur dit que c’est eux qui lui ont donné la permission. Ils disent ne pas avoir attendu les invités, car ils avaient faim et les font entrer.

    // lastname: Ionesco // firstname: Eugène // title: La Cantatrice chauve