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    Qu'est-ce que la littérature de gare ?

    Qu'est-ce que la littérature de gare ?

    La littérature de gare, et plus généralement le roman de gare, est ce qu’on appelle un genre littéraire souvent dénigré par les littéraires. Cette expression désigne d’ailleurs une littérature très prisée dans les gares, lieu d’attente pressée où les voyageurs veulent s’occuper l’esprit sans être absorbés par leur activité. La littérature de gare ou plus souvent, le roman de gare est donc un genre littéraire dédié aux personnes pressées qui veulent consommer un texte dit littéraire de manière rapide au cours de leur voyage.

    Définition de la littérature de gare

    Le roman de gare est un roman populaire né de l’industrialisation de la littérature. Il constitue un genre littéraire mouvant qui n’a pas forcément un grand intérêt littéraire. Il s’agit d’un livre qui se lit rapidement, à l’écriture et au style fluide et très accessible pour faciliter l’accès à un grand public qui n’est pas forcément au contact de la littérature en temps normal.

    Cette littérature éphémère s’est développée dès le XIXe siècle. À la base, elle concerne généralement des romans très courts et faciles d’accès qui se concentrent plus sur le récit que sur le style. En effet, le but de ce genre est d’occuper l’esprit d’un voyageur durant son attente et donc, de le tenir en haleine pour qu’il n’abandonne pas sa lecture tout en lui offrant le temps de terminer son ouvrage. C’est donc une "littérature de consommation" comme on pourrait le dire de la "musique de grande consommation" ou des films de Série B.

    Au XIXe siècle, la littérature se trouvait à tous les coins de rue. La lecture constituait un très bon moyen d’occuper les personnes qui avaient "du temps à perdre" et de grands auteurs comme E. Zola ou Victor Hugo, ou d’autres moins réputés comme A. Dumas ou T. Gautier ont compris la puissance du réseau de librairie dans les gares. Le roman de gare est d’ailleurs souvent associé à la littérature feuilleton que l’on retrouvait dans les journaux et qui est à l’origine de la naissance des chapitres.

    En effet, être un bon auteur ne suffisait pas à faire sa fortune et ce qui payait le mieux, c’était le roman-feuilleton payé à la page et la littérature de gare vendue en grande quantité qui permettaient à certains auteurs de vivre de leur métier. Certaines maisons d’édition ont même consacré des collections entières à la diffusion de ce genre. Hachette lui-même se servira des bibliothèques de gare pour mettre en avant des auteurs comme Charles Dickens, Gérard de Nerval, la comtesse de Ségur et George Sand.

    Quelques collections délivrant au public de la littérature de gare :

    • Harlequin ;
    • Fleuve Noir ;
    • Série Noire.
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    Intérêt de la littérature de gare et mauvais regard

    Les étudiants de lettres font souvent les frais d’un jugement de valeur selon le type de lecteur qu’ils consomment. Que ce soit des genres que l’on dit moins nobles comme la science-fiction, le roman policier, la littérature jeunesse, passe encore. Mais si ces personnes ont le malheur de lire de la littérature de gare, gare aux rires moqueurs des enseignants. Pourtant, ce genre au succès incontesté à certains mérites qu’on oublie trop souvent.

    Littérature de gare : genre, sous-genre, mauvais genre ?

    Cette littérature de gare ne répond pas à un seul genre littéraire. Déjà, elle est considérée comme un sous-genre de la littérature ; pas dans le sens où elle serait sous la coupe d’un plus grand groupe littéraire, mais dans le sens péjoratif de "mauvaise littérature". Cela vient principalement de l’aspect versatile de ces romans qui, à l’origine, étaient aguicheurs et souvent de "mauvais genre" comme les polars, les policiers, les romans d’amour, etc.

    Ils ne se cantonnent donc pas à une seule thématique et tendent plutôt vers le plaisir de la lecture, le fait de passer un bon moment. Toutefois, cette littérature est souvent aussi vite oubliée que lue et cela participe à la mauvaise presse des romans de gare.

    Naissance du mépris de la littérature de gare dans le regard des littéraires

    La littérature de gare séduit donc un très large public, au grand damne de la bonne société littéraire. La caractéristique principale de la littérature de gare étant sa simplicité d’accès, elle attire de nombreux lecteurs et ce genre ne se limite plus aujourd’hui au simple point relais de la gare. En effet, cette littérature « facile » se retrouve maintenant en librairie et remporte souvent un grand succès, il s’agit souvent de best-sellers et de page-turner d’auteurs capables d’écrire des romans en peu de temps et captivant le public.

    Ce genre de roman méprisé par les littéraires l’est pour une seule raison : en général, ils n’ont aucune valeur littéraire à proprement parler. Il n’existe pas de recherche de style, les auteurs n'aspirent pas à l’originalité, ce sont des histoires qui passionnent et qui se rapprochent toutes les unes des autres. C’est également un genre caméléon, sans règles, qui va puiser dans tous les mouvements et genres littéraires sans distinction. Les littéraires ressentent une menace d’imposture, et ces romans dépourvus d’ambitions.

    Quelques auteurs de romans de gare d’aujourd’hui et d’hier :

    • Agatha Christie ;
    • Charles Dickens ;
    • Georges Simenon ;
    • Joël Dicker ;
    • Guillaume Musso ;
    • Marc Levy ;
    • Anna Gavalda.
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    Pourquoi la littérature de gare doit continuer à exister ?

    Le littéraire déplore alors cette littérature de masse, souvent banale et à la qualité médiocre ou moyenne en termes de style. Pourtant, leur regret demeure surtout de ne pas voir la « grande littérature » ou la Littérature avec un grand L sur le devant de la scène. La frustration de ces lettrés ne se justifie pourtant qu’à moitié. En effet, alors que les grands romans des siècles passés qui nous restent aujourd’hui étaient en réalité très peu lus à leur époque comme aujourd’hui, les romans de gare n’ont jamais cessé de plaire et de trouver son public.

    Cette littérature décriée recèle d’atouts intéressants : ils permettent au grand public d’accéder à un texte long, ce qui augmente le nombre de lecteurs. Ces romans offrent également une variété extraordinaire en termes de sujets, de genre, de style, etc. L’imagination des auteurs demeure d’ailleurs l’un des points forts de certains de ces ouvrages.

    Alors, avant de juger d’un livre selon sa couverture, nous devrions peut-être ouvrir de temps en temps nos bibliothèques à ce genre car, comme partout, toute la littérature de gare n’est pas mauvaise et elle a le mérite de faire vivre les lettres dans le cœur d’un grand nombre de personnes.


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