La vengeance des mères de Jim Fergus
La vengeance des mères et le second tome d’une trilogie composée par Jim Fergus. Après Mille femmes blanches, nous retrouvons les sœurs Kelly qui nous racontent à leur tour ce qu’elles sont devenues, la façon dont elles vivent après la tragédie qui s’est déroulée dans le premier tome.
Les thèmes principaux de La vengeance des mères
Quand un jeune enfant meurt... ce moment-là détermine la suite. Tout ce qu'il y avait avant, ce que nous étions, ce qu'il était, tout ce qu'il aurait pu devenir, et nous avec lui, tout cela disparaît, effacé comme un coup de craie sur un tableau noir. Et nous disparaissons ensemble.
Dans ce second tome, nous suivons donc le cours de l’Histoire à travers le récit des personnages fictifs et réels (mais romancés) qui composent ce récit littéraire. Les narratrices principales sont maintenant les sœurs Kelly et une certaine Molly qui a été envoyée avec le second convoi de femmes blanches, bien que le programme ait pris fin. Si Mille femmes blanches explorait principalement les conflits entre hommes blancs et indiens, ainsi que les coutumes de ce peuple qu’on appelle "les sauvages", nous observons ici les combats armés entre les deux ethnies qui se basent sur la réalité historique.
Le thème principal de La vengeance des mères demeure ainsi la quête de la liberté et la vengeance d’un peuple face à l’ennemi qui tue leurs familles. Comme dans le tome précédent, nous découvrons encore un peu plus sur les Cheyennes et les autres groupes indiens. Molly, le nouveau personnage fort prenant la place de May transmet d’ailleurs à nouveau certaines coutumes cheyennes, provoquant parfois la répétition de ce que nous avons déjà lu dans le tome précédent. Peut-être ces répétitions sont-elles dues à la distance entre les publications de Mille femmes blanches et de La vengeance des mères ?
Que penser du second tome de cette trilogie littéraire ?
Parlons-en, d’ailleurs, de ce nouveau personnage féminin. Molly ressemble beaucoup à May sur différents points. Elle est forte, elle prend la tête de son groupe naturellement, elle veut le chef et sort d’un enfermement (pour des raisons différentes). Pourtant, elles ont aussi certaines dissemblances qui apparaissent plus en détail grâce au caractère affirmé de ces deux femmes : Molly passe plus rapidement à l’action et semble plus encline à respecter ses valeurs que May. Malgré tout, je ressens à nouveau cette sensation d’être en présence de deux personnages pour qui le chemin est assez lissé (tout se passe toujours au mieux) par l’auteur.
Cette fois, j’ai préféré les carnets des sœurs Kelly qui sont aussi deux personnages stéréotypés, mais plus dans la demi-mesure et qui se posent des questions, qui font marche arrière quand c’est nécessaire et qui ressemblent moins aux héroïnes parfaites. L’avantage de ce tome par rapport au dernier est qu’il laisse plus de place aux relations entre les groupes indiens et aux femmes cheyennes. Elles trouvent enfin la parole, là où leur point de vue pouvait manquer par le passé. Et tout cela, c’est grâce aux sœurs Kelly ! Finalement, j’ai éprouvé du plaisir à lire ce second tome, mais il m’a moins marqué que le premier, et je trouve qu’il manque peut-être un peu de profondeur, surtout en repensant aux drames qui se sont déroulés dans Mille femmes blanches.
Citations
- Bon Dieu, on les lui a coupées, pas vrai ?
- Un peu qu’on les lui a coupées, et à trois autres encore après. C’est ce qu’on voulait depuis le début, non ? Et aujourd’hui, ça y est, on s’est vengées.
- Et ça t’a fait ait plaisir ? Elles sont pas revenues, nos petites filles, hein ? Ça rend leur mort moins triste ?
Susie répond pas à la question. Elle s’enfonce sous les peaux de bison et les couvertures, elle me prend dans ses bras et elle se colle contre moi. C’est comme ça qu’on se console depuis toujours. Et quand je crois qu’elle s’est rendormie, elle me dit d’une voix encore plus minuscule :
- Non, frangine… C’est toujours aussi triste.
C’est une drôle de chose virgule la guerre. Aye, c’est un peu comme la première fois qu’on laisse un garçon vous faire sa petite affaire. La plupart du temps, on est très déçu parce qu’on s’attendait à beaucoup mieux. On est même un peu dégoûtée. Mais, d’un autre côté, on a envie de recommencer, et ce jour-là, comme on sait plus ou moins ce qui va se passer, c’est plus facile, et encore plus facile la fois suivante, et tiens, figure-toi qu’à force on aime ça. La guerre, c’est le même principe, c’est pas si différent de l’amour…
- Jim FERGUS, Mille femmes blanches, Pocket, 2011
- Jim FERGUS, La vengeance des mères, À vue d’œil, 2020
- Jim FERGUS, Les Amazones, Pocket, 2020