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    Qu'est-ce que la dystopie ?

    Qu'est-ce que la dystopie ?

    La dystopie est un genre littéraire apparu au XXe siècle avec l’émergence de nombreux auteurs de romans d’anticipation à succès. Elle décrit un monde imaginaire, mais se distingue de l’utopie par le caractère pessimiste de la société dépeinte. Souvent, elle dénonce un pouvoir totalitaire ou une idéologie dangereuse tels que le conçoit l’écrivain. Si la trame du roman dystopique se calque sur la vision d’un avenir cauchemardesque, la plupart du temps, elles sont influencées par des opinions politiques et révèlent les angoisses de son auteur.

    Comment définir la littérature dystopique ?

    Le mot dystopie vient du mot utopie qui signifie "lieu qui n’existe pas" auquel le préfixe u (négation) a été remplacé par dys ("mauvais") pour évoquer un dysfonctionnement. Nous pourrions donc traduire ce mot par "lieu qui ne fonctionne pas".

    Proche de la science-fiction, la dystopie est un conte pessimiste conduit par l’anxiété d’anticipation. Les thèmes de prédilection de ce genre littéraire sont la dénonciation d’un pouvoir totalitaire, mais aussi les excès des progrès technologiques et scientifiques. Pour cela, l’auteur projette le lecteur dans un futur crédible afin de le mettre en garde vis-à-vis d’une idéologie et de ses éventuelles dérives. Ici, l’anticipation est un prétexte pour mieux comprendre le présent.

    C’est la raison pour laquelle, la majeure partie des œuvres de ce genre s’inspire des principaux régimes politiques du XXe siècle que sont le capitalisme, le fascisme et le communisme. Ainsi, la peur de l’avenir développée dans la littérature dystopique a un but préventif. En s’adressant à un large public, il lui permet de se préparer au pire afin de mieux l’éviter.

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    Comment faire la distinction entre dystopie et contre-utopie ?
    Globalement, l’usage commun fait de la dystopie un synonyme de la contre-utopie. Toutefois, si vous avez besoin d’être plus précis, il existe quelques différences entre le genre et son sous-genre. En effet, la dystopie décrit un monde inquiétant structuré par des règles violentes et contestables. En revanche, la contre-utopie se distingue en proposant un monde aux allures idylliques dont les principes paraissent bienveillants. Pourtant, ils produisent un faux bonheur pour mieux cacher un vrai malheur.

    La dystopie, fiction réaliste ou fable pessimiste ?

    Si la dystopie laisse peu de place au fantastique, c’est pour rester au plus proche de la réalité afin de rendre le récit plus angoissant pour le lecteur. C’est un exercice difficile que d’imaginer l’avenir dans un monde traversé par des crises économiques (le krach de 1929), les conflits armés (premières et deuxièmes guerres mondiales), et autres tensions politiques (guerre froide et course aux armements).

    Le XXe siècle est un siècle inquiet et pessimiste. Les promesses d’un avenir radieux ne convainquent pas les populations. Les auteurs, en nous projetant dans l’avenir, ne font que relater le présent. C’est ce qui rend leur fiction si réaliste. Ce réalisme, qui fascine les lecteurs, permet aux romans dystopiques de traverser les décennies sans tomber dans l’obsolescence.

    Quelques œuvres dystopiques :

    Dénoncer une société qui deviendrait totalitaire

    Dans la littérature dystopique, le totalitarisme évoque la violence étatique et le pouvoir tyrannique d’un despote qui impose sa dictature au reste du monde. La crainte de voir les libertés individuelles abolies par un État mondial inspire de nombreux romans.

    La dystopie comme art de dénoncer les ennemis de la démocratie

    Parmi les préoccupations des auteurs de cette littérature au XXe siècle, il y a la crainte de voir nos systèmes démocratiques disparaître au profit d’un pouvoir totalitaire. La montée du communisme et du fascisme angoisse les auteurs qui ne cachent pas leur inquiétude et imaginent des scénarios catastrophes. En nous montrant ce à quoi ressemblerait une société sans liberté individuelle, la dystopie explique aux lecteurs qu’aucun droit n’est acquis et qu’il faut se battre pour les préserver.

    La première victime d’une société totalitaire est la liberté d’expression, abolie dans les romans de Ray Bradbury (Fahrenheit 451), de George Orwell (1984) et de Aldous Huxley (Le Meilleur des mondes). Leur méfiance est influencée par une vision anglo-saxonne de la politique qui se veut libérale, donc anti-État, anti-bureaucratie et anti-administration. Ainsi, libéralisme et liberté se confondent au nom de la défense des libertés individuelles.

    Des auteurs qui expriment la peur d’une société où règne le mensonge

    Un autre point commun entre ces œuvres dystopiques est la transmission des savoirs. Les sociétés totalitaires dépeintes y sont les ennemis de la mémoire. Le mensonge règne. Ainsi, l’histoire est déformée soit par omission, soit par simplification. Les livres d’Histoire, les musées et les monuments sont détruits. Ici, la littérature dystopique se veut être un pamphlet contre le mensonge.

    L’objectif est de mettre en avant l’importance de la vérité et du savoir. Car, les écrivains savent que le mensonge est créateur d’ignorance. Ils craignent un État mondial où la population accepte d’abandonner la liberté et la diffusion des connaissances au profit des progrès scientifiques et technologiques. Puisque, en plus de leur méfiance vis-à-vis des États et de l’administration, s’ajoute la méfiance à l’égard des grandes firmes internationales de technologie.

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    La peur du progrès dans la dystopie

    Alors que le roman d’anticipation connaît son apogée durant la première moitié du XXe siècle, les horreurs de la Guerre mondiale obligent les auteurs à considérer les progrès de la science avec méfiance. Ils voient les avancées technologiques à travers le prisme de la guerre (gaz de combat, aviation, artillerie, chars d’assaut).

    Cela influence les auteurs de dystopie qui ne croient pas que la puissance des technologies puisse donner les moyens de créer un monde meilleur, ni trouver les solutions aux grands défis de l’humanité. Ils sont certains que la technologie peut, entre de mauvaises mains, être néfaste pour l’homme.

    Ce genre littéraire n’hésite pas à nous rappeler les conséquences sociales, humaines et éthiques de certaines technologies mal contrôlées. Leurs auteurs ne croient pas à la modernité au service du progrès, mais craignent plutôt qu’elle soit au service d’un pouvoir totalitaire où les individus sont placés dans un monde déshumanisé. Ils montrent également que notre dépendance à la technologie tend à nous faire oublier son impact sur la vie quotidienne.

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    De la science vers l’eugénisme…
    L’idée d’une société eugéniste où la natalité serait sous le contrôle des scientifiques rappelle le malthusianisme. Doctrine qui porte le nom de son créateur, Thomas Malthus, économiste et démographe britannique, préconisant la restriction démographique. Selon cette doctrine, la surpopulation accentue la misère, l’insécurité et l’agitation sociale.

    La dystopie s’inspire du présent pour mieux anticiper l’avenir

    Les auteurs trouvent leur inspiration dans les nombreuses crises qui traversent le XXe siècle. Car le genre dystopique se développe dans un contexte de révolution industrielle en pleine croissance, mais aussi pendant la période de l’entre-deux-guerres qui voit l'émergence du régime soviétique russe et du national-socialisme allemand.

    Ils utilisent alors l’actualité pour dessiner l’avenir. Ils imaginent ce que les progrès technologiques pourraient engendrer comme société et les dangers d'une science déshumanisée pour la planète. Le scénario se calque sur la vision inquiétante, mais réaliste, que l’écrivain prévoit pour la société. De cette façon, le narrateur nous projette dans un avenir lointain pour nous décrire la situation.

    De fait, la politique occupe une place importante dans l’univers dystopique. Cela permet aux auteurs de donner un nom et un visage à la peur qui les hante et les inspire.

    Le contrôle et la surveillance comme thématique principale

    Le contrôle et la surveillance de la population font partie des thèmes les plus récurrents de la littérature dystopique. Les scénaristes prédisent une société sous contrôle permanent où les moindres de nos faits et gestes seraient surveillés par une technologie invasive et omniprésente. Ils nous offrent l’occasion de réfléchir à l'utilisation abusive de certains des progrès de la technologie entre les mains d’un État omnipotent.

    La liberté est un droit fondamental que les romanciers mettent souvent en avant dans les dystopies. Selon eux, l’intérêt général mettrait en danger les libertés individuelles. De sorte que, faire passer le collectif avant l’individu est perçu comme une soumission. Ici, force est de constater que les solutions proposées pour créer une société idéale sont avant tout idéologiques.

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    Ce qu’il faut retenir sur la dystopie :

    La dystopie anticipe le sort de l’humanité dans un futur proche ou lointain. Chaque roman est une projection dans un avenir malade dont les principaux symptômes sont politiques et technologiques. Cette littérature pessimiste, en forme de fable sociologique où à la réalité est exacerbée à l’extrême, nous fascine et nous dérange comme lorsque l’on regarde un accident.

    C’est un genre littéraire qui a été popularisé par deux œuvres majeures, Le Meilleur des mondes de Aldous Huxley et 1984 de George Orwell. Ils ont, par la suite, inspiré de nombreux auteurs. Le réalisme avec lequel ils imaginent l’avenir a touché des millions de lecteurs à travers le monde sans se démoder.

    En révélant les préoccupations et les angoisses de leur époque, ils ont réussi à viser juste. C’est parce que la dystopie propose, sous la forme d’une fiction, une critique indirecte de la société présente qu’elle permet d’éclairer les dangers du progrès lorsqu’il est entre de mauvaises mains. L’ennemi est le totalitarisme, sa victime est la liberté.


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