Rentrée littéraire 2020, Il fait bleu sous les tombes
Caroline Valentiny est psychologue et romancière. Elle a déjà publié quelques ouvrages comme Voyage au bord du vide ou encore Schizophrénie, conscience de soi, intersubjectivité qui parlent de la dépression, du deuil, et des troubles psychologiques. Son tout premier roman, Il fait bleu sous les tombes s'inscrit dans cette thématique.
Résumé de Il fait bleu sous les tombes
Alexis, 20 ans, étudiant, s’est suicidé. Pour Pierre et Madeleine, ses parents, comme pour Noémie, sa petite sœur, le processus de deuil se déclenche. Mais comment passer à autre chose ? Comment accepter la mort d’un enfant, si jeune, sans avoir vu des signes de mal-être ? Noémie rend visite régulièrement à son frère, coincé dans sa tombe, qui attend que l’ange vienne le chercher. Alexis ne se souvient plus de ce qui lui est arrivé et s’il s’est vraiment suicidé. Il cherche, en même temps que sa mère, à se souvenir de ce qui a bien pu se passer. Il se remémore sa vie avant que tout ne se précipite, il cherche à savoir s’il s’est bien donné la mort et le découvre lorsque sa mère marche près de la rivière où il s'est (peut-être) donné la mort. Quoi qu’il en soit, il accepte sa situation, il veut simplement ne plus s'ennuyer, avoir de la compagnie.
Des attentes non remplies
Il y a tellement de clichés… Il aurait fallu probablement une centaine de pages en plus pour développer plus sérieusement le thème du deuil et ne pas s’engouffrer dans les clichés. Comme je l’ai dit plus haut, l’auteure est psychologue ; écrire un livre sur le deuil était une très belle idée. Il aurait pu toucher, faire comprendre le processus qui se met en place lors d'un deuil. Il aurait peut-être même pu être un soutien pour les personnes qui vivent un deuil ou pour les proches de quelqu'un d'endeuillé.
Mais il n’y a aucune clef, aucune solution, aucune aide psychologique. Elle nous présente plusieurs façons de réagir face au deuil : la colère pour Juliette, la chérie d’Alexis, le travail pour Pierre, l’incompréhension et le besoin de réponse de Madeleine, et la tendre acceptation de Noémie, qui veut juste prolonger un peu les moments de partage avec son frère, avant qu’il ne « s’endorme ».
Un dénouement rapide
Cela m’amène à parler de l’élément du dénouement. Il intervient brusquement, le roman se termine en quelques pages alors qu’il a traîné en longueur. Je dis "en longueur", car les réactions psychologiques des personnages ne sont pas assez développées pour qu’on s’attache à eux, pour qu’on sente un changement de façon de penser ou un déclic vraiment sincère.
Tous restaient dans un même comportement et tournaient en rond, ils étaient prisonniers – ou représentatifs – d’un seul sentiment. D’ailleurs, le deuil final a été déclenché un peu étrangement, grâce à Noémie. Il s’active chez tous les personnages en même temps, alors qu’ils n’étaient pas dans la même démarche.
Un style d'écriture du point de vue d'un psychologue
Peut-être que je n’ai simplement pas été sensible au style de l’auteure. J’ai l’impression d’avoir lu un texte objectif, trop distant par rapport à la force et à la violence des sentiments. Cela viendrait peut-être du fait que notre auteure est psychologue ? Il est nécessaire de créer un mur avec ses patients et j’ai eu l’impression de survoler une histoire de deuil comme une autre. Sa plume est pourtant presque poétique, par moments. Il y a quelques belles phrases qui méritent d’être mises en valeur.
Citations
Elle a maigri, pourtant tout pèse.
Madeleine n'imaginait pas que l'on puisse vouloir guérir de... mais quel était le mot ? Elle n'était pas veuve. Ni orpheline. Elle se rappela alors avoir déjà lu cela quelque part. Pour les mères qui n'ont plus de fils, il n'y a pas de mot.
Quand votre enfant meurt, peu importe son âge, et même s'il était devenu presque un homme et que sa force vous émerveillait quand il vous serrait dans ses bras, il redevient le tout petit sur lequel vous étiez censée veiller, et vous savez soudain que vous avez failli, que le protéger était ce que vous auriez du faire, que c'était même la seule chose que la vie exigeait vraiment de vous, vous, sa mère.
En conclusion
Le livre reste très accessible. Je ne peux cependant pas conseiller ce roman à une personne qui veut lire un beau livre dont il se souviendra toute sa vie. Mais si vous souhaitez être occupé pendant quelques heures, ou lire un livre plutôt simple, juste pour passer un bon moment, mais en abordant un thème sérieux, alors vous pouvez l’ouvrir sans trop vous inquiéter.
- Caroline VALENTINY, Il fait bleu sous les tombes, Albin Michel, 2020
- Jean-Paul DUBOIS, Si ce livre pouvait me rapprocher de toi, Editions de l'Olivier, 1999