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Le mouvement baroque au XVIIe siècle

Le mouvement littéraire baroque émerge au XVIIe siècle, d’abord dans la peinture, la sculpture et l’architecture, puis dans la musique et dans la littérature. Dans ce dernier domaine, il s’agit principalement de poésie baroque et de théâtre. Les auteurs baroques réagissent, avec ce mouvement, à l’instabilité de la vie dont l’avenir est incertain. On assiste alors à une littérature de doute, de la désillusion et un désir de renouveau chez certains auteurs.

L’histoire de la poésie baroque :

Le mouvement littéraire du baroque s’étend environ de 1570 à 1640 dans toute la France. Il s’agit d’une poésie qui prend son essor dans les troubles d’une époque. Les hommes sont perdus dans un monde qui ne cesse de s’agrandir (avec les découvertes des nouvelles terres) et cela provoque une certaine instabilité. Cette instabilité s’accompagne ensuite d’un sentiment d’insécurité face à un monde changeant.

Des instabilités religieuses et politiques

Ces découvertes ne sont qu’un élément de trouble, puisque le monde religieux est également en constante mouvance. Entre la famille et une Église qui veut imposer son pouvoir, les contre-réformes religieuses de Pape et l’intégrisme dans la religion font preuve. Les instances religieuses essaient alors de présenter le retour au catholicisme comme un retour à un repère fixe contre un monde en transition. Elles nourrissent ainsi une forme d’angoisse chez le peuple pour qu’ils adhèrent plus facilement à leurs croyances.

La vie politique aussi est très troublée et violente. Les grands se liguent contre le pouvoir et le peuple français vit une période de complot et d’assassinat. Par exemple, Henri III est tué par un moine, et Henri IV par François de Ravaillac, un extrémiste qui pensait sauver la chrétienté par son acte. Le mouvement baroque ressemble alors quelque peu à l’Humanisme par rapport au contexte historique. Cependant, si l’humanisme faisait preuve d’optimisme, le baroque prouve le pessimisme des auteurs de ce genre.

Quelques auteurs baroques :

Théodore Agrippa d’Aubigné (Les Tragiques) ;
Théophile de Viau (Pyrame et Thisbé, Œuvres poétiques) ;
Corneille (L’illusion comique) ;
Honoré D’Urfé (L’Astrée) ;
Abraham de Vermeil (Œuvres) ;
Pierre de Marbeuf (Les Amours) ;
Jean de Sponde (Essai de quelques poèmes chrétiens).

Deux baroques et continuité dans le temps

La littérature baroque semble scindée en deux. En premier, nous constatons qu’une partie des auteurs baroques souhaitent surtout rompre avec l’inspiration antique de la Renaissance. Cette conception du baroque s’apparente à ce que certains chercheurs (J. Rousset) appellent une inconstance "blanche". Elle exprime la légèreté, des images de transparence, l’acceptation heureuse des changements, la nature frivole et des amoureux volages. S’opposerait à cette première conception l'inconstance "noire" qui propose plutôt des images sombres, nocturnes, avec un déchaînement des éléments comme l’inquiétude et la mélancolie. Les thématiques de l’inconstance humaine, du mensonge des apparences, de la corruption du monde révèlent également le sentiment d'instabilité de l'époque. Ainsi, les méditations sur la mort, le désordre et le sentiment de néant ne sont pas rares.

Enfin, nous pouvons dire que le baroque perdure bien au-delà des dates données plus haut. Si le genre s’épuise et laisse place majoritairement au classicisme, certains grands auteurs classiques comme Pascal et Bossuet expriment dans leur littérature des thématiques baroques. En effet, ils explorent les thèmes de la nature de l’homme et de celle de Dieu sous la forme de mystères.

Qu’est-ce que la littérature baroque ?

Le baroque connaît des équivalents partout en Europe. Il prend simplement des noms différents. Par exemple, il se nomme en Italie le Marinisme en l’honneur du poète Marino ; en Espagne on l’appelle le Gongorisme pour le poète Gongora et en Angleterre il s’appelle l’Euphuisme. Le nom est tiré d’un recueil du poète Lyly nommé Ephues écrit en 1579.

Comment définir la littérature baroque ?

La littérature baroque est un mouvement qui veut faire réagir le lecteur, provoquer la surprise. En poésie, cela peut se traduire par des figures de style comme les métaphores, les hyperboles, les oxymores, les antithèses, les paradoxes, les accumulations, les hypotyposes, les périphrases et enfin, les allégories et personnifications. Au théâtre, les dramaturges baroques utilisent les mêmes thématiques qu’en poésie et agrémentent les décors de beaucoup d’ornementations et de détails.

Car la littérature baroque veut également se faire voir. Si les auteurs voient dans les réalités du monde terrestre une apparence trompeuse derrière laquelle il faut chercher des réalités véritables, mystérieuses ou divines, ils essaient de transmettre ce sentiment à travers l’esthétique de leur texte. Pour cela, ils osent les ornements, les trompe-l’œil et l’excès en général. Leur goût de l’excès se traduit par exemple par la préférence des auteurs pour des formes complexes (sonnet, rondeau, villanelle, ode, etc.), propices à la création d’une rhétorique de l’outrance.

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Pourquoi appelle-t-on cette littérature le "baroque" ?
La littérature baroque n’est pas nommée jusqu’au XIXe siècle. C’est à ce moment-là qu’on donne le nom de "baroque" au mouvement littéraire. Il vient alors du mot portugais barroco qui a pour sens "perle irrégulière" faisant ainsi référence à l’instabilité dont cette littérature fait preuve. C’est donc un terme anachronique pour nommer un mouvement littéraire qui ne cherchait pas de nom.

Repérer la littérature baroque dans les textes

Pour repérer une littérature baroque, il faut alors s’intéresser à ce goût de l’excès dont nous parlions, ainsi qu’à l’excentricité du texte, son côté burlesque, etc. Les auteurs vont alors jouer sur la variété des rimes et des mètres. Les mots deviennent également un terrain de jeu puisque la polysémie est prise en compte. Le mot lui-même devient instable, puisqu’il peut être lu de deux façons différentes.

Prêter attention au culte du détail devient également primordial. Il s’accompagne souvent du goût de l’ostentation qui consiste à montrer, parader devant un public qui doit être ébahis. En théâtre par exemple, il y a un recours récurrent au maniérisme avec la volonté d’impressionner. Tout est théâtral dans le sens de "dramatique". La poésie et le théâtre baroque sont de la littérature de l’artifice par excellence.

Lors de l’analyse d’un texte baroque, prêtez attention aux références intertextuelles nombreuses, aux figures mythologiques et religieuses ainsi qu’à la prédominance du mouvement, de l’éphémère, de la vanité et de la sensualité. Enfin, le baroque se prête également à la satire et exploite des thèmes comme l’amour, la nature, la fuite du temps et la mort.

Les thèmes privilégiés dans la poésie et le théâtre baroque

Comme chaque mouvement littéraire, le baroque s’intéresse à un style et à certaines thématiques plus que d’autres. Ici, ce sont la mort, la vanité, le memento mori, le divin, la nature et l’amour qui dominent. Ils servent à montrer l’instabilité du monde à travers la finalité de la vie, les mouvements de l’âme, l’instabilité du monde et la mystique indomptable du monde.

La mort et le divin sous la poésie baroque

Certains thèmes sont particulièrement utilisés dans la littérature baroque. Le premier d’entre eux est la mort. Dans ce thème se trouvent par exemple des méditations sur la mort, et des vers macabres. L’auteur n’hésite pas à décrire les corps et les mouvements de l’agonie. Ces vers funèbres contiennent des images angoissantes, voire horribles, et l’image de la Parque peut s’y retrouver. Les hommes songent ainsi au fameux memento mori représenté par un crâne qui invite à la réflexion sur la vie et rappelle que nous allons tous mourir. Ainsi, ce memento mori enseigne au lecteur que tout n’est que vanité.

Ensuite, le divin constitue l’une des grandes images baroques. Que ce soit la religion catholique ou des personnages mythologiques, cette thématique semble fasciner les auteurs. Dieu devient la cause, le moteur et la finalité d’une partie de l’œuvre baroque. Ce dieu auquel on croit ou ne croit pas est la source d’erreur et de l’inconsistance de l’homme.

Quant aux figures mythologiques les plus récurrentes, nous trouvons :

Protée : figure emblématique de la poésie baroque, il désigne la passion, la métamorphose et le déguisement. Il représente ainsi l’inconstance, la fuite ainsi que l’avenir, car il possède un don de prophétie ;
Diane : la personnification de la femme idéale et de l’amour baroque virulent ;
Actéon : il a vu Diane nue pendant qu’elle se baignait et qui a été transformé en cerf. Il est l’image de la cruauté de la femme et de la passion dévoratrice ;
Les neuf muses, les Parques, etc.

La nature et l’amour, au cœur de toutes les poétiques

Comme la majeure partie des poétiques, le baroque n’exclut pas de sa poésie la nature et l’amour. Le premier permet notamment de montrer l’instabilité du monde. Les images de l’eau qui coule, des nuages qui s’enfuient et du vent qui souffle illustrent parfaitement cette idée. Autre image importante, celle de la mer qui oscille entre jours calme et donc plaisir et jour de tempête avec les dangers que cela entraîne. En même temps, la nature devient le miroir de Dieu, comme sa marque créatrice sur un monde construit dans le mouvement perpétuel.

L’amour aussi est l’un des thèmes importants du mouvement littéraire baroque. Il est instable et nous pouvons presque parler de néopétrarquisme. Les auteurs jouent ainsi sur la beauté, sur les codes et les symboles de l’amour pour les détourner. On parle aussi de pétrarquisme noir qui relève du renchérissement sur les souffrances amoureuses. Cela contribue à développer une mystique de l’amour où la femme est divinisée.

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