Résultats de votre recherche :

    Le classicisme, mouvement littéraire du XVIIe siècle

    Le classicisme, mouvement littéraire du XVIIe siècle

    Le classicisme, mouvement littéraire mettant en avant l’ordre et les règles, se développe en France principalement dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Il participe à la normalisation de la langue française et devient le modèle de la grandeur du pays. En effet, la langue, le plaisir et la pédagogie sont au cœur de la réflexion de ces auteurs qui veulent une littérature réglée pour s'approcher d’une littérarité idéale.

    Définition du classicisme comme mouvement littéraire

    Le classicisme met en avant la langue française. Il s’évertue à le rendre plus normé afin d’atteindre un objectif de clarté de la langue. Pour cela, les auteurs de ce courant n’hésitent pas à introduire des règles pour le style comme pour les lettres et Boileau, dans son Art poétique, représentera le but du classicisme.

    Qu’est-ce que le classicisme ?

    Le mouvement classique suit temporellement celui du baroque français. L’un n’a toutefois pas eu raison de l’autre puisqu’ils sont parvenus à coexister dans le temps. D’ailleurs, la tendance à les opposer qui a pu exister est aujourd’hui démentie par la critique littéraire. En effet, le classicisme se base plutôt sur l'image d'un Moyen-Âge obscurantiste, ce qui entraîne l’abandon des structures littéraires de l’époque. Ils décident alors de se concentrer sur le goût antique pour construire leur œuvre.

    Pour cela, les auteurs classiques vont poser des règles strictes et calquer des thèmes antiques. Ils trouvent l’inspiration dans des œuvres d’écrivains comme Virgile, Horace, Térence, Théophraste, Aristophane, Plaute, Euripide et Sénèque. Ils prennent aussi modèle sur des auteurs italiens comme La Tasse ou Arioste. L’objectif consiste à créer une littérature harmonieuse et claire. Pour cela, ils vont également travailler sur la langue pour la normaliser.

    Les caractéristiques permettant de reconnaître la littérature classique :

    • les textes littéraires possèdent des règles esthétiques et morales comme la clarté dans le style, et le désir d’instruire ;
    • volonté de vraisemblance plutôt que de vérité et de l’ordre et la puissance à travers des œuvres considérées comme harmonieuses et élégantes ;
    • déploiement du thème de l’honnête homme et de l’inspiration antique au cœur de la littérature classique ;
    • recherche de l’art de plaire et de séduire tout en éduquant le lecteur ;
    • en théâtre, on retrouve la règle des trois unités.

    À l’origine du mot "classicisme"

    Comme pour beaucoup d’autres mouvements, le terme de "classicisme" est anachronique. En effet, il n’apparaît qu’au XIXe siècle, en 1817 précisément, sous la plume de Stendhal. Dans son ouvrage Racine et Shakespeare, il tente de comparer romantisme et œuvres des temps anciens. De ce fait, il lui fallait un nom pour les livres de cette époque et il s’est arrêté sur "classicisme" :

    Le romanticisme [comprendre "romantisme"] est l’art de présenter aux peuples les œuvres littéraires qui […] sont susceptibles de leur donner le plus de plaisir possible.
    Le classicisme, au contraire, leur présente la littérature qui donnait le plus grand plaisir possible à leurs arrière-grands-pères.
    Stendhal, Racine et Shakespeare

    Alors, comment a-t-il fixé le nom de ce mouvement ? Tout simplement en s’inspirant des propos des auteurs sur des écrits littéraires. En 1690, le grand dictionnaire d’Antoine Furetière définissait l’adjectif "classique" comme un mot qualifiant les œuvres d’un écrivain dont l’œuvre fait autorité. Il s’agit donc d’un texte littéraire pouvant servir de modèle.

    Ensuite, César C. Dumarsais participe à rendre cette expression populaire au XVIIIe en évoquant par le terme de "classique" les œuvres de cette époque pour leur purisme linguistique. Enfin, d’autres auteurs s’emparent de cette idée pour identifier la littérature de la seconde moitié du XVIIe. Ce n’est toutefois qu’au XIXe que Stendhal imposera le nom du courant, en ayant pour sa part une perception péjorative d’un genre qui n’est plus symbole de pureté et d’idéal, mais d’ennui.

    Qu’est-ce que le romantisme ? - Culture Livresque
    Le romantisme est le premier vrai courant du XIXe siècle. Il révèle une véritable volonté d’innover et s’étend massivement sur toute la première partie du siècle. La vision du romantisme d’aujourd’hui est biaisée par...

    Les grandes caractéristiques de la littérature classique

    Les caractéristiques permettant de reconnaître la littérature classique tiennent principalement à la façon d’écrire. S’ils font appel à l’innutrition pour leur inspiration, ils proposent une véritable modification de la langue et décident de favoriser la vraisemblance à la réalité.

    Imiter ses modèles antiques pour recréer

    Comme dit précédemment, les auteurs classiques se basent sur les œuvres antiques dans leur création littéraire. Loin du plagiat, ils procèdent à ce qu’on appelle l’innutrition, autrement dit l’inspiration inconsciente (ou délibérée dans ce cas-là) puisée dans la culture dont la personne s’est imbibée. Ils cherchent alors à trouver de nouveaux modèles et puisent aussi bien dans l’Humanisme que dans l’Antiquité.

    Toutefois, leur imprégnation de l’œuvre de leurs prédécesseurs sera disqualifiée si l’ouvrage écrit manque d'originalité. Jean de la Fontaine dira par exemple "Mon intuition n’est point un esclavage". Comme ces auteurs pensent que tout a déjà été dit, ils essaient de rendre tout cela plus esthétique et plus naturel.

    Une esthétique du naturel et du vraisemblable

    Lorsque vous peignez les hommes, il faut peindre selon nature.
    Molière

    Le rapport entre réel et vérité change également quelque peu avec l’époque classique. Les auteurs vont préférer déployer le vraisemblable plutôt que la vérité. Cela signifie que si un acte, aussi réel soit-il, ne semble pas probable pour le lecteur, il sera modifié pour paraître plus vraisemblable.

    Cette recherche de la vraisemblance et du naturel se ressent dans les thèmes favoris de l’époque. Ils s’intéressent par exemple au réel par les mœurs et les passions des individus, d’où l’utilisation majoritaire de la forme courte (maximes, fables et poésie) et du théâtre pour exprimer les émotions humaines. Toutefois, cela n’empêche pas une certaine idéalisation des passions et notamment de l’amour.

    Le classicisme valorise également beaucoup la nature. Ils estiment que l’art est une mimèsis et la poésie doit reproduire le réel, donc ils doivent fonder leur création littéraire sur une relation de ressemblance avec l’original. La notion de naïveté se déploie alors pour qualifier la nature. Il faut comprendre dans "naïveté" l’idée d’innocence et de sincérité. Là encore, les auteurs cherchent l’idéalisation de la nature.

    💡
    À la recherche de ce "je ne sais quoi" dans l’écriture :
    Les auteurs classiques cherchent tous à cacher les heures de travail passées dans la rédaction. Ils souhaitent atteindre un naturel si parfait qu’on aurait le sentiment d’une évidence rendant le discours agréable. Ce "je ne sais quoi" génère alors la perfection esthétique de l’œuvre par l'écriture, sans que le lecteur ne parvienne à trouver d’où vient cette qualité littéraire.

    Le classicisme est synonyme de renouveau en linguistique

    La littérature classique opère de grand changement sur l’emploi de la langue française. S’ils développent une idée de dignité de la langue vulgaire. Autrement dit, ils mettent le langage parlé, soit le français, au cœur de leurs recherches et décident de l’étoffer afin qu’elle puisse lutter contre la langue latine qui demeure celle des savants à cette époque.

    Quelles sont les modifications effectuées sur la langue et pourquoi ?

    La langue, pour devenir véritablement littéraire, nécessite donc d’être enrichie et normalisée (c’est-à-dire faire l’objet de normes) afin d’évacuer tous les idiomes qui ne sont pas toujours maîtrisés. Par exemple, Malherbe va souhaiter l’élimination des jargons archaïques et provinciaux dans l’intention d’atteindre une simplicité de la langue. En effet, l’élargissement ne doit pas aller à l’encontre de la clarté, du naturel et de la netteté qui rendent cette nouvelle linguistique élégante.

    Les intellectuels abandonnent dès lors l’attitude de pédant et d’homme galant pour privilégier la posture de l’honnête homme. Cela joue un rôle important dans la littérature classique puisque des répercussions se font ressentir sur la langue. En effet, quitter la position de pédant signifie que les individus reviennent à une simplicité de la langue et adoptent des conversations enjouées. Ils deviennent alors maître de la rhétorique, que la langue soit parlée ou écrite.

    Le purisme linguistique du classicisme modifie profondément la langue française

    Avec cette nouvelle philosophie de vie apparaît un purisme linguistique qui change profondément la langue française. Cette époque a, effectivement, joué un rôle important dans la création de la langue telle que nous la connaissons.

    Les auteurs cherchent donc à avoir un usage correct de la langue. Nous assistons à la réforme de la langue avec Richelieu qui crée l’Académie française en 1635. Ces hommes de lettres, qui figurent à l’époque au nombre de 5, proposent des dictionnaires et des grammaires en plus de la poétique en projet.

    Intervient alors Vaugelas qui suggère ses Remarques sur la langue française qui constitue une source de ce qui devient plus tard une grammaire. S’il n’impose pas des règles à proprement parler, il recueille de multiples façons d’écrire des mots, des tournures de phrases, etc. pour mettre en évidence ce qui se pratique le plus dans la langue.

    Quelques auteurs représentant le classicisme du XVIIe :

    Les règles et la littérature classique du XVIIe siècle

    À notre époque, ce qui nous marque le plus dans la littérature classique est la présence de nombreuses règles régissant le style et le contenu des œuvres. L’institution de ces normes a pour finalité de susciter du plaisir tout en étant utile en proposant de l’instruction. Les règles garantissent alors des cadres crédibles, de la vraisemblance pour limiter la créativité et se rapprocher au mieux de la réalité et assurer la bienséance.

    La langue poétique et théâtrale se codifie

    La langue poétique se codifie. Elle a des répercussions sur la poésie comme sur le théâtre. Ainsi, les créateurs privilégient l’alexandrin, la forme du sonnet, on évite les enjambements, on respecte la césure, etc. Malherbe reste à l’origine d’une majorité de ces règles. En dramaturgie, les normes liées aux vers demeurent plus libres.

    Les auteurs favorisent également l’usage d’une langue adaptée selon le personnage pour approcher du naturel du langage, les vers s'allongent et frôlent parfois de la prose, les enjambements et les rejets sont autorisés. Enfin, les hypallages, les figures complexes et l’hypotypose permettent de donner l’impression que l’on voit un spectacle grâce à la poésie, ils sont donc les bienvenus.

    Codifier la forme que prendra le récit pour plus de vraisemblance

    Enfin, Boileau va proposer toute une succession de normes pour le théâtre. Elles sont connues sous le nom de la règle des trois unités et le principe de bienséance. Tout d’abord, la règle des trois unités comprend l’unité de temps, de lieu et d’action. Cela signifie que la pièce ne doit se dérouler qu’en un seul jour (24h maximum). L’unité d’action insuffle quant à elle l’idée qu’il n’y ait qu’une action principale afin de limiter les intrigues secondaires réduisant l’intérêt dramatique et l’attention du spectateur. L’unité de lieu cantonne finalement l’action à un espace unique pour éviter les changements qui amèneraient à se perdre.

    Ensuite, il existe une règle de vraisemblance, puisqu’il s’agit du maître mot de la littérature classique. Enfin, la bienséance domine l’écriture. Cette convention relève d’une notion mondaine selon laquelle il ne faut pas choquer le public. Cela signifie entre autres que les scènes présentées sont contrôlées et que les personnages doivent respecter leurs rangs. De cette façon, la bienséance complète la vraisemblance.

    Pour aller plus loin...
    Le mouvement baroque au XVIIe siècle - Culture Livresque
    Le mouvement littéraire baroque émerge au XVIIe siècle, d’abord dans la peinture, la sculpture et l’architecture, puis dans la musique et dans la littérature. Dans ce dernier domaine, il s’agit principalement de poésie...